Snowpiercer s'impose comme le film d'action le plus puissant vu depuis un moment.
Il rompt avec la routine des blockbusters de l'été qui ne savent plus quoi inventer pour rassasier les attentes du spectateur en mal de sensations fortes (The Avengers servant de mètre étalon du spectacle en 2013...)
Bong Joon Ho fait avant tout de l'adaptation du Transperceneige de Lob et Rochette un grand film d'anticipation, un genre souvent étouffé par les effets spéciaux et l'indigence du propos (depuis la mainmise de Roland Emmerich). Il retrouve la fraîcheur que le genre avait un peu oublié : ici, un mouvement de révolte conduit par un meneur un peu fallot (Chris Evans qui troque sa panoplie de Captain America non sans ironie pour revêtir les habits d'un émeutier crasseux) nous entraîne à bord d'un train lancé à grande vitesse dans une course sans fin autour du monde, après que l'humanité ait disparu suite à une catastrophe écologique. Le train reproduit les inégalités sociales : une petite élite de nantis contrôle une masse reléguée dans les wagons de queue. ll s'agit donc au cours de la projection et de la progression du train, de remonter un à un les compartiments pour réclamer justice. La grande force du film est de faire de la tension produite par l'espace confiné du train et la dynamique de la révolte, le moteur qui conduit les choix de mise en scène et de la narration. Ainsi, chaque compartiment révèle un pan de la micro-société qui habite le train. Chaque avancée des émeutiers fonctionne comme autant d'épreuves mais aussi de ruptures de ton et de style dans le récit. Bong Joon-Ho exploite avec maestria les potentialités plastiques et scéniques du train : les 3 scènes d'action obéissent à des choix esthétiques très divers et sont autant de grands moments de pur spectacle. Le passage du train dans un tunnel est l'occasion d'une séquence de guérilla nocturne magnifique. Plus tard, la caméra explore l'étroitesse d'un wagon transformé en sauna pour chorégraphier une séquence de lutte au corps à corps magistrale. Mais la puissance de Snowpiercer est ailleurs : il tient dans sa manière profondément mélancolique de présenter la révolte menée par Chris Evans comme une entreprise absurde et vaine.
Snowpiercer est un vrai plaisir de cinéma dont la grande richesse visuelle et politique ne s'épuise pas au terme de la projection.

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le 9 déc. 2013

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