De Bong Joon-ho je ne connaissais quasiment rien au moment d'aborder ce film, je sais qu'il a fait The Host que je dois voir depuis des années et qui fait parti de ces films que je repousse sans cesse sans raisons particulières et c'est à peu près tout. Pourtant depuis quelques mois, le film se dévoilant peu à peu après sa sortie en Corée et sa diffusion à Deauville, il est devenu évident que ce serait l'un des films que j'irai voir avec une certaine impatience.
Cette promesse d'un huis-clos apocalyptique confrontant le reste de l'espèce humaine à ses démons, parfaitement retranscrite par une mise en scène léchée installant une ambiance aussi sombre qu'angoissante, est tenu tout au long d'un récit poignant et incisif. Un récit qui fait la part belle à la dure réalité d'un confinement qui, s'il peut se suffire à lui même, n'est pas à même de voir sa population se reproduire indéfiniment, sous peine de détruire le fragile équilibre qui maintient tout ce petit monde en vie. Un dilemme traité avec efficacité, se refusant ainsi au manichéisme, afin de mettre à plat la dure réalité, les ressources sont limités et si nous voulons survivre, il va nous falloir rester à notre place et servir la cause. Si le début du film nous fait vite prendre fait et cause en faveur des démunis, le développement de l'intrigue et la mise en lumière des motivations des « hautes instances » du train, apparaissent à leur tour aussi nécessaires que cruelles.
Pourtant malgré ce besoin prépondérant de contrôle de l'équilibre, en terme d'êtres humains pour des raisons évidentes d'espaces et de nourritures disponibles, de gestion de « l'aquarium » ou encore de la serre pour continuer à faire vivre la population, cette nécessité de garder immobile ce modèle de classes, la scène finale vient nous rappeler que tout ce contrôle est rendu nécessaire par notre simple croyance en notre système et sa viabilité sans égale. Je n'ai pas lu la BD, je ne sais donc pas si c'est l'auteur ou bien Bong Joon-ho qui nous offre cette perspective d'un avenir différent, peut être meilleur, bien que nécessitant un prix terrible. Il ne s'agit pas d'une coïncidence si les seuls à sortir sont deux enfants qui n'ont jamais rien connu d'autre que le train, ils sont l'innocence incarnée et la possibilité de faire les choses différemment, l'illustration de ce qui doit être fait pour aller au delà de ce qu'on imagine possible pour découvrir une nouvelle façon de vivre. Malgré cela et ce qui en a coûté aux survivants, il n'est pas question de suggérer une ligne d'arrivée, tout ne fait que commencer et le film ne s'attache pas à répondre à la question d'une potentielle possibilité de vivre en dehors du train, seulement à raconter une histoire qui se répète quelles que soit les conditions, d'une humanité qui se déchire non pas forcément parce que ça lui plaît, mais parce ses ressources sont limités et sa croyance en son système sans limite.
Finalement malgré un très joli dernier plan sur la vie, c'est avant tout une histoire sombre et pleine de pessimisme que signe là le réalisateur sud-coréen. Une vision sombre de l'humanité qui, si elle croit énormément en sa façon de faire et de vivre et ce en totale connaissance des conséquences, n'a peut être pas tort et ce serait ça dans ce cas le plus effrayant.