Ca commence déjà très mal, après deux minutes de film et l’introduction lourdingue à base de miséreux dans le wagon du fond qui rêvent d’aller dans la loco, je me rends compte anéanti que Scritch a eu raison pour la deuxième fois de sa vie en pensant à ce film comme un film à cognac, au même titre qu’un Machete ou qu’un Cow-boys contre Aliens… Par contre, la prochaine fois, ce serait bien qu’il puisse avoir ses intuitions géniales avant qu’on sorte de chez moi, histoire que ça serve à quelque chose…
Et puis, j’ai à peine le temps de me dire que c’est quand même sympa un film dans un train de neige que le degré zéro du cinéma commence, version jeux vidéo d’arcade, avec des boss à buter, des portes à ouvrir et absolument pas la moindre petite queue d’histoire entre les deux…
Le casting international est assez raté, on reste dans la caution, avec les interprètes électroniques qui ne servent tellement à rien qu’on les oublie une fois sur deux et bon sang de bois ! Qui a bien pu penser que cette espèce de sous-Ben Affleck interchangeable avec six ou sept autres noms en Chris pouvait décemment servir de héros ? La barbouze pour faire sérieux, le bonnet pour faire ridicule, le traumatisme pour le rendre pathétique dans le mauvais sens du terme, tout cela n’est d’ailleurs pas fait pour arranger les choses…
Très vite, j’ai de la peine pour John Hurt, je m’ennuie à mourir, je voudrais que le train déraille, là, tout de suite, après dix minutes, que les lumières se rallument et que je puisse rentrer chez moi… Mais non, le supplice dure interminablement, il y a la bande de débiles à la hache, la torche olympique, le commando Benetton qui part tout seul sans pour autant réussir à créer des individualités, les dialogues honteux du début à la fin, les différentes options ineptes qui se succèdent dans l’indifférence sans jamais réussir à donner la plus petite incarnation au véritable personnage du film, ce putain de train filmé par un chien aveugle qui n’arrive dans aucune scène à exister concrètement, c’est encore mieux de regarder dehors finalement, même si c’est rare, ou idiot lors du plus long tournant du monde qui atteint des sommets dans l’histoire des scènes inutiles, idiotes et interminables…
Finalement, la seule image de cinéma du film est comprise dans l’affiche, inutile d’aller s’emmerder plus avant pour la gâter.
N’importe quelle andouille qui a lu trois ou quatre des centaines de BD qui fleurissaient dans les 70’s ou les 80’s sur des sujets proches sait exactement tout ce qui va se passer après dix minutes de film, c’est juste le remplissage qui surprend, on attendait un film, une histoire peut-être, n’importe quoi en fait, mais pas cet empilage de scènes superflues dont les moments de « bravoure » sont systématiquement filmées en dépit du bon sens, illisibles dans le meilleur des cas, hideuses dans les autres…
Ce que devient le réalisateur talentueux de Memories of Murder derrière ce résultat qui frise l’atroce, je ne sais pas, on peut le deviner derrière deux ou trois bribes comiques pas très bien amenées mais qui soulagent un peu l’atmosphère glaciale environnante… Je vous ai dit tout le mal que je pense de l’intrusion oiseuse de la médium ? Je lui souhaite bonne chance dans son futur rôle principal dans la chaîne alimentaire des ours polaires magiques…
La liste des incroyables imbécilités contenues dans le film transformerait ces quelques mots en un travail fastidieux qui ne mérite pas sa sueur, j’ai failli hurler pendant la scène grotesque ou le demeuré principal raconte son traumatisme, j’ai plus soupiré devant ce douloureux navet que devant toutes les autres horreurs absorbées cette année, la faute au mélange des genres j’imagine, à force de tenter le diable à la fois sur la fable eschatologique lourdingue et le nanar décomplexé, le réalisateur se vautre sur les deux tableaux, c’est presque un cas d’école…
Le meilleur moment, n’en déplaise à l’honorable compagnie finale qui regroupait aussi bien le sosie officiel de John Malkovich que celui de Franck Fernandel et leurs comparses habituels, c’était le retour solitaire nocturne, la longue rue silencieuse sous les ormes qui monte dans un début de brouillard, la place désertée par tous ou s’échappe seulement au loin l’ombre du dernier taxi, le parc mort, l’escalier vide… Il y a plus d’images de cinéma dans trois secondes de ces pavés que dans ce salmigondis indigeste et stérile que j’oubliais d’ailleurs aussi sec, inutile de se souiller la mémoire, demain, je vais au cinéma.