Dès le début du film on est plongé dans le wagon de queue du train, avec ses occupants. Dans cette arche de Noé sur rails, l'humanité est compartimentée, recréant ainsi les inégalités. Dans ce dernier wagon crasseux et sans fenêtres, s'entassent les êtres humains les plus pauvres (n'ayant pas pu se payer un billet pour les wagons luxueux où séjourne l'aristocratie). Ces pauvres sont donc condamnés au rationnement alimentaire, au manque d'espace et à l'asservissement pour le compte du tout puissant Wilford (constructeur et propriétaire du train). Seulement, la révolte gronde. Menés par Curtis, ces passagers prolétaires décident de remonter le train pour atteindre la locomotive et ainsi accéder au Big Brother Wilford et à sa machine.

Certains ont comparé l'avancé de ces mutins à travers le train à un jeu vidéo, où derrière chaque porte se trouve un nouvel univers, caractérisé par une ambiance sonore et visuelle. Je n'y ai pas pensé en regardant le film, mais la comparaison est assez juste. Chaque wagon représente une étape dans cette quête vers l'avant. Étape que l'on doit surmonter pour atteindre son but. Et cette traversée ne se fera pas sans embûches. Les scènes de combat sont très bien menées, chorégraphiées et mises en scène. Pas de surenchère, mais un renouvellement qui me fait dire que ces scènes ne sont jamais inutiles.
Un travail énorme sur les détails est apporté au film. Des petites touches disséminées au niveau visuel, mise en scène ou scénaristique. Le scénario est très bien écrit (totale réécriture de la BD par Bong Joon-Ho entre autre). Des rebondissements inattendus dans l'intrigue et des révélations qui amènent à se poser des questions sur l'histoire qui nous a été racontée.

Le film aborde des thèmes comme la manipulation et le sacrifice. Tilda Swinton est formidable dans son interprétation de la marionnette du pouvoir. Snowpiercer est une fable spectaculaire sur l'humanité et la noirceur dont elle est capable. Cette noirceur, qui esthétiquement présente dans le film, nous est également racontée au travers des récits de certains personnages. Curtis nous explique notamment les conditions de vie à la queue du train quand celui-ci a débuté son trajet.

Ce qui fait le plus peur c'est aussi ce qu'on ne voit pas. Comme le récit qui n'est pas montré mais seulement oralisé. Ce qui est inaccessible est à l'extérieur. Les passagers sont enfermés dans ce train et l'extérieur représente la mort pour eux.
Et si la porte de sortie de ce huis-clos totalitaire était justement celle que l'on refuse de franchir ?
Milady
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le 30 avr. 2014

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Milady

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