*** Alerte Spoiler***
Le transperceneige est un film coréen et bizarre (pléonasme) qui reprend les acteurs et certains des codes du cinéma américain à grand spectacle mais le fait le plus souvent à rebrousse poil.
"Le CW-7 ramènera les températures mondiales à des normes idéales"
On en a soupé des films-catastrophe écolos mettant en scène le fameux réchauffement climatique que l'on attend toujours. Le premier contre-pied du film n'est pas le moindre puisque le point de départ de la narration est la destruction de toute vie sur terre comme point final de la lutte délirante contre les changements du climat.
Le parti pris anti-écolo de l'histoire est assez rare pour être souligné même si ne fait pas un scénario tout seul.
"je connais le goût de la chair humaine"
A l'ouverture du film, on peut penser se trouver dans un classique univers dystopique, post-apocalyptique et totalitaire, croisement de 1984 (John Hurt again) et de Mad Max.
On voit déjà souffler le vent de la révolte, le héros populaire se dresser pour guider un peuple épris de liberté vers un avenir meilleur, le tout sur fond de lutte des classes.
Sauf que là c'est pas tout à fait ça.
Si les pauvres hères qui occupent le bas de l'échelle sociale sont malmenés par un pouvoir policier, ils sont quand même logés et nourris sans contrepartie, ce qui n'est quand même pas mal en cas de fin du monde.
A la tête de ces traîne-savate qui ne foutent rien d'autre de leur journée que préparer la prochaine révolte, on trouve Curtis, un anti-héros cannibale dont l'unique ambition dans la vie est de faire la peau de son sauveur, l'espèce de Noé des temps post-moderne et de prendre le contrôle de son arche ferroviaire. Une sorte d'anti-syndrome de Stockhlom en somme.
"Ceci n'est pas une chaussure. Ceci est le néant"
Sur sa lancée, le film évite aussi le travers du film de baston vide. La violence est permanente, la folie est partout. On n'est pas dans de la brutalité spectaculaire du blockbuster estival mais dans quelque chose de bien plus froid, sombre et sale. Les décors sont très réussis, de même que les costumes ce qui permet de créer une ambiance glauque ou parfaitement délirante.
Le film aborde aussi de nombreux questionnements sur l'essence de l'humanité, le déterminisme social, le constructivisme, etc mais les survole à la vitesse d'un TGV. Dommage.
Dernier écueil évité avec brio, le traditionnel happy end. Ici, la fin libératrice entraîne la disparition de tout ce qui restait d'humanité dans un déraillement d'anthologie, laissant deux survivants en pleine montagne, nez-à-nez avec un ours polaire flairant son prochain repas.
Ouf, on est rassurés pour ces pauvres ours qui ont bien failli souffrir du réchauffement !
On a donc là un bon film avec une perspective intéressante et une esthétique affirmée, malgré plusieurs aberrations scénaristiques (ces putains de pilules, les deux vieux qui font semblant d'être ennemis...) et des longueurs dans la narration.