Excellent policier politique.

Société anonyme anti-crime est un film de Stefano Vanzina, cinéaste beaucoup plus connu sous le pseudonyme de Steno. Spécialisé surtout dans le registre de la comédie populaire, notamment avec l’acteur Totò, on ne l’attend donc guère dans le registre du film policier, particulièrement quand il s’agit d’un film policier fortement politique (c’est, à ma connaissance, son seul film ouvertement politique), et c’est peut-être la raison pour laquelle il signe ici le film de son vrai nom. Le film est le reflet de l’Italie des années 70, dites « les années de plomb » : délinquance, trafics, prostitution, corruption, terrorisme et laxisme de la justice et, contre toute attente au vu de la carrière du réalisateur, il est vraiment excellent tant au niveau de l’interprétation que de la réalisation. Il comporte plusieurs séquences tout à fait mémorables comme celle de la conférence de presse en bus « Rome by night » du commissaire, ou celle de la traditionnelle course poursuite qui se termine d’une façon particulièrement inattendue et horrible.
Il faut aussi noter que, pour une fois, loin de copier le cinéma américain, le film l’anticipe puisque Société anonyme anti-crime annonce, un an avant, Magnum Force de Ted Post, le deuxième volet de la saga de l’inspecteur Harry avec Clint Eastwood, dans lequel un groupuscule de flics fascistes entreprenait de nettoyer la ville pour faire face au laxisme de la justice : tout comme Harry, le commissaire Bertone se plaint de ce laxisme mais ne mangera pas de se pain là. Mais
Vanzina va plus loin que Ted Post puisque ces « justiciers » ne sont pas seulement des policiers mais aussi des notables et des hommes politiques et que le film témoigne de la crainte, bien fondée à l’époque, qu’un coup d’état fasciste ne soit capable d’ébranler la démocratie italienne. Le film est disponible en DVD dans une bonne copie chez Artus.