Qu'est-ce qu'un être humain ?
Si Stanilas Lem dans son roman Solaris parlait avant tout de communication avec d'autres formes d'intelligences, Tarkovski pose cette question essentielle dans son adaptation.
Solaris, m'a d'abord donné une impression diffuse : je ne parle pas la même langue que le réalisateur. Je ne parle pas du fait que je n'ai trouvé de potable qu'une version en russe sous-titré en anglais. Je parle de son montage, de sa composition, de sa façon de mettre en scène.
C'est un film soviétique et l'industrie du film soviétique n'est jamais vraiment arrivée chez nous. Tarkovski m'a pris par la main et m'a appris la base de sa langue en trois heures.
Car au-delà de l'esthétique (dans l'espace on a du tabac, du café et on a des Soyouz) ce qui va choquer dans Solaris c'est cette remise en cause de l'humanité.
Bref. Il faut que je développe. Je vais être limité parce que des gens ont écrit des bouquins de 600 pages pour développer.
Solaris c'est l'histoire de Chris Kelvin, un psychologue qu'on envoie près d'une planète, Solaris donc, pour faire le point sur l'équipage parce qu'ils ont des hallucinations et les huiles se demandent si continuer le programme de recherche est une bonne idée.
En arrivant il se rend compte que son meilleur pote est mort, qu'il n'y a pas que des scientifiques sur place, et que parmi ces invités se trouve sa petite-amie décédée 10 ans plus tôt.
Et donc, qu'est-ce qui rend cette invitée moins humaine que lui ?
C'est la problématique du film : comment définissons nous l'être humain ? Les invités pensent, réfléchissent, ressentent, s'expriment comme des être humains même s'ils ne sont pas tout à fait de chair et de sang.
Kelvin va être partagé entre son attirance pour son ex et sa conscience de scientifique, le devoir qu'il s'est engagé à accomplir. Dans le même temps son invité doute de sa propre réalité et souffre de sa propre existence.
Cette appropriation de l'idée de départ fait de Solaris une adaptation vraiment réussie qui plaira à ceux qui prendront le temps de déchiffrer l'œuvre et ses procédés de narration déroutant pour nous qui sommes à habitués à des formats très particuliers.