Ma présente critique portera sur l'art et sa place dans ce chef d'oeuvre tarkovskien.
L'homme incapable de se défaire d'un passé qu'il trimballe à droite et à gauche ne peut le retranscrire que par le moyen de l'art, une représentation exhaustive de notre inconscient tourmenté et nostalgique d'une entité, d'un lieu, d'une pensée d'une époque désormais révolue. La place de l'art dans notre existence est plus qu'imposante, elle permet de mieux nous situer et de mieux concevoir le changement d'ordre technique de la vie. Dans le film de Tarkovski, on peut voir un grand nombre de bustes de personnalités célèbres, des livres éparpillés que se soit à sa maison natale ou à la station, des tableaux de Brueghel l'ancien ( Chasseurs dans la neige, La moisson, La chute d'Icare ) accompagnés d'une très belle pièce d'orgue de J.S Bach. Sur terre ou sur la station, Tarkovski n'a pas réussi à se passer de l'art pour canaliser la quasi-totalité du message du film, profitant ainsi de cet ajout pour aider Kris dans sa quête de connaissance spirituelle. La connaissance du moi passe par un long processus introspectif et des apparitions presque tremblantes de la personne de Harey ( Khari ). L'océan personnages à part entière, transfigure ce passé douloureux à la manière d'une plume d'un écrivain ou du pinceau d'un peintre pour mener à bien cette descente dans les abysses de l'inconscient humain. Tout comme l'art, l'océan intrigue par sa bizarrerie, par son intervention continue sur l'inconscient de Kris.Tarkovski mène tout un questionnement philosophique, que la connaissance spirituelle est le premier pas vers une appréhension de la science, qu'aussitôt l'Homme est en bon terme avec son passé grâce à l'art et la nature, il pourra se pencher sur une toute autre résolution et que l'amour est clé pour un esprit d'entendement et pour le dépassement de soi.