Méditation philosophique en orbite autour d'une insaisissable planète-cerveau, Solaris est une oeuvre inconfortable et frustrante à bien des égards, qui ne se laisse véritablement aimer qu'après coup. L'Amour avec un grand A, celui qui nous lie au genre humain et peut-être au divin, est justement le grand sujet du film, ou l'un de ses grands sujets, suivant ce qu'on y projettera. Et aimer Solaris n'a justement rien d'aisé : il faut s'accommoder de sa lenteur, de son mystère, se dépouiller en quelque sorte de ses habitudes de spectateur.rice pour faire l'expérience du vertige métaphysique. C'est une forme d'abandon que Tarkovski exige de nous, une ascèse dont on sort forcément grandi.e. Mais tout n'est pas qu'austérité et intellectualisme chez le cinéaste : puisque Solaris nous parle d'Amour, c'est aussi un grand film sentimental dont la beauté secrète se révèle dans les détails.