Lévitation au-dessus de l’océan

La végétation ondule sous le courant de l’eau.
Le vent aboie et la pluie s’abat.
Les arbres s’imposent et les feuilles se disposent.

Encore une fois, Tarkovski place la nature avant tout. L’Homme n’est qu’un fragment de la Terre.
Amené ici à la quitter, il se révèle infime microcosme dans l’univers.

Kris Kelvin, savant cosmonaute, reçoit pour mission d’enquêter sur une station en orbite de Solaris, planète entièrement recouverte d’un océan, où d’étranges événements se produisent ; en atteste un premier témoignage de folie d’un homme convaincu d’y avoir eu des visions.
Kris, calme, se prépare à partir. Il erre doucement entre les herbes, attend son moment. La longue séquence sur Terre s’avère être judicieuse. Un aller ne signifie pas un retour.

Tel un long trajet vers la ville, hors de toute verdure, le voyage vers la station spatiale sera signe d’abandon.
Abandon pour le personnage, qui laisse derrière lui famille et souvenirs. Abandon pour le spectateur, alors imprégné totalement dans le film et la découverte des mystères à venir.

Dès les premiers pas dans la station, superbement matérialisée, une ambiance unique propre à Tarkovski s’élève pour ne jamais décliner.
Dès les premiers dialogues, le mystère de Solaris s’épaissit, tout en se découvrant.

Hallucinations, rêves, désirs et réalité se mélangent alors, face à cette planète dont l’océan est un miroir dans lequel il est si facile de plonger.

Les images de l’infiniment grand ne sont-elles pas semblables à celles de l’infiniment petit ? De même, observe-t-on une planète ou bien un encéphale ?

Les souvenirs sont au centre de l’œuvre. Les souvenirs dont l’être souhaite se rappeler, et ceux qu’il souhaite oublier.

Hypnotique et déroutant, sensible et inquiétant, Solaris est maîtrisé de bout en bout : aucun réel temps mort, pas de superflu, tout est somptueux.
Plus qu’une pensée philosophique ou intellectuelle, le film peut s’apprécier sans se comprendre entièrement. Les acteurs charismatiques, les mouvements de caméra, les images, la lenteur contemplative sont autant de forces que les idées abordées.

Solaris s’impose comme un chef d’œuvre de science-fiction, et d’humanité, à tel point qu’on s’y sent perdu, petit, comme un cosmonaute aux confins de l’univers.

La végétation ondule sous le courant de l’eau.
Le vent aboie et la pluie s’abat.
Les arbres s’imposent et les feuilles se disposent.
La nature est immuable, l’homme facilement altérable.

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le 28 déc. 2014

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TheBadBreaker

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