C'est bien sûr un des plus grands films de l'histoire du cinéma. L'adaptation du roman de Stanislas Lem, assez pauvre, est transcendé par Tarkovski en une fable métaphysique d'une incroyable profondeur. De très nombreux thèmes s'enchevêtrent dans la lenteur hypnotique de la station spatiale. La planète Solaris matérialise le psychisme des astronautes, défiant les lois de la physique, de l'espace et du temps. Elle peut même réaliser leurs désirs les plus profonds (que l'on retrouvera dans Stalker, avec la chambre des désirs au bout du tunnel). Ainsi la résurrection de l'épouse, mais qui ne peut renaitre qu'ici, dans cette orbite incertaine et déroutante. Loin de la Terre. La nostalgie de la Terre, de la Russie, est exprimée magnifiquement. L'épisode d'apesanteur, précédé des images des Chasseurs dans le neige, de Bruguel, reste un moment de cinéma d'une émotion inouïe. Il est impossible à oublier. Tout autant que le choral BWV639 de Bach, réorchestré par Artemiev.