Kris tourne autour du point d'eau, hésitant à s'y immerger pour enfin retrouver la plénitude qui l'a quittée en même temps que sa femme. La maison paternelle se tient droite, copie de ce qui a été érigé par les ancêtres, et bientôt copiée a son tour. Solaris, c'est peut-être trouver sa place dans la verticalité du monde, entre divin et terrestre, entre l'idée et l'objet. La technique comme remède, idée séduisante pour le cinéaste qui a fait son métier d'enfermer des idées dans des blocs de temps. Dans la maison, des symboles de la connaissance pour l'y assimiler : ni tout à fait idée, ni tout à fait objet, la connaissance se vit comme une expérience forgeant le monde et permettant de l'habiter.
Qu'est-ce que la connaissance, le questionnement probablement central de Solaris. Grimper pour monter jusqu'au divin, afin de trouver l'autre et ainsi transcender son être ? Toujours la même finalité : se rendre compte que l'on ne recherche que soi. Toujours cette même verticalité entre le terrestre, profondément ancré dans notre inconscient, et le divin, nous appelant toujours plus haut de ses promesses vaines. Mais ces choses se retrouveraient sans doute plus dans une forme cyclique : rêver des cieux nous renvoie un miroir de notre inconscient, monter jusqu'à la mer absolue nous ramène a la mère originelle, l'eau par laquelle tout commence se retrouve en fin de film pour brouiller qui du début et de la fin concluent la pensée du cinéaste.
Tarkovski est l'un des rares cinéastes qui me fait accepter le caractère divin de l'art, non comme manifestation de mécanismes de l'esprit qui interprèterait le phénomène de cette manière, mais comme véritable témoin d'une essence transcendantale. De quoi nous faire croire en Dieu, peut-être pas comme un objet vers lequel tendre, plutôt comme un processus nous faisant voyager entre les étoiles et jusqu'à nous-mêmes, dans un éternel recommencement.