Nous sommes le 1er janvier 2022, et pour mon premier film de l'année, je décide de revoir "Soylent Green", qui se déroule en... 2022 ! Force est de constater que ce film d'anticipation devient encore plus effrayant à chaque revisionnage, le futur sinistre qu'il dépeint semblant se rapprocher inexorablement...
Le film démarre par une introduction redoutable, qui nous fait passer en quelques secondes de la nostalgie au cauchemar, avec un montage de photographies qui s'emballe, et un morphing sonore adapté. Le ton est alors donné. L'intrigue se déroule dans un futur proche (2022 donc...), où faune et flore ont quasiment disparu, face à une démographie qui a explosé.
L'air est suffocant, à cause du smog, du réchauffement climatique et des vagues de chaleur. Le logement et l'énergie sont précieux. L'eau courante ou la nourriture non synthétique sont des denrées de luxe réservées aux richissimes. La seule nourriture abordable pour les masses est la galette de plancton. C'est dans ce cadre qu'un policier mène une enquête sur un meurtre, qui va le conduire à la terrible vérité...
"Soylent Green" est une œuvre qui fait froid dans le dos, posant intelligemment les problèmes associés à la surpopulation et à l'exploitation frénétique des ressources naturelles. Des thématiques qui n'ont évidemment rien perdu de leur poids, même l'effet de serre est mentionné !
Le tout abordé avec brio. Richard Fleischer dépeint ce futur décrépi avec des couleurs volontairement ternes marron/gris, et une BO très discrète. Mais il enchaîne les détails réfléchis (des personnages en permanence en sueurs), et surtout les images fortes. On pense à des micro-séquences comme "l'évacuation" des émeutiers, ou le héros qui doit enjamber les pauvres gens qui dorment sur son escalier.
Et puis il y a bien sûr les célèbre scènes où Charlton Heston fait face à Edward G. Robinson. Deux acteurs ultra charismatiques de générations différentes. Détail qui sera justement exploité par le scénario, Edward G. Robinson représentant le spectateur de 1973. On mentionnera la touchante scène du repas. Et bien évidemment la célébrissime et magnifique scène
de l'euthanasie, qui bouleverse autant qu'elle glace le sang. Ironie de l'histoire, elle sera la dernière scène tournée par Robinson, qui décédera peu de temps après le tournage.
Alors oui, autour de tout cela, la sous-intrigue romantique est relativement artificielle, servant surtout à donner du corps au protagoniste. Et oui, le volet policier est assez classique. Mais ils ne sont finalement que le support véhiculant efficacement les idées du film.
Film qui n'a donc rien perdu de sa force... voire en gagne au fil des ans...