Les années 1970 ont été fécondes en monuments de l’anticipation au ciné. Il faut croire que l’utopie de la fin des sixties s’est transformée en pure angoisse. Ça tombe bien, Fleischer est toujours dans les bons coups. Nous sommes en 2022. L’industrialisation, la surconsommation des ressources et la surpopulation ont entraîné une pollution responsable de l’extinction de la plupart des espèces vivantes. Ce monde urbain survit par des rations alimentaires de synthèse et la fracture sociale est béante. On suit un flic qui va enquêter sur un meurtre qui va mener à quelques révélations d’envergure. De prime abord, on est surtout marqué par les signes du temps qui passent. Le filtre vert est daté et la déco est du pur vintage de magazine scandinave. Et puis en fait non, avant ça, on est marqué par une intro d’images d’archives qui glacent le sang. C’est ce que j’avais ressenti il y a un quart de siècle en voyant ce film. C’est toujours ce que je ressens aujourd’hui avec en plus la désagréable impression que nous sommes plus proches aujourd’hui de la situation décrite qu’alors. Hormis la prestation de Charlton Heston à qui on peut reprocher une approche trop « Bronsonienne », tout n’est que réussite, le rythme est tendu, la bizarrerie est maintenue jusqu’au bout, l’émotion est présente mais discrète. La mise en image de ce cauchemar d’anticipation est parfaitement maîtrisée. Un véritable classique qui ne cesse d’interroger le chemin qui est le nôtre.