L'intrigue de "Solo", peu rigoureuse mais échevelée à la façon habituelle de Mocky, illustre la lutte idéologique et terroriste de jeunes gauchistes contre ce que l'on a pu appelé, à une certaine époque, la France de papa. Nul doute que la sympathie de Mocky est acquise à cette jeunesse dont il veut néanmoins tempérer l'extrémisme et récuser la violence.
"Solo" est le film d'un grand frère anar et bienveillant, comme le démontre le rôle que Mocky s'est réservé et qui le place au coeur d'une course-poursuite pleine de rebondissements. Fataliste et comme revenu des affrontements politiques, Vincent le voleur préconise de dépouiller le bourgeois non pas de sa vie mais de son argent.
Dans l'ensemble, "Solo" est un film sérieux, mais on y trouvera l'esprit de provocation et la causticité de son auteur à travers le mépris que lui inspirent d'indignes notables et la société policière de l'époque. Moins bâclée qu'en d'autres occasions, la mise en scène construit un récit policier cohérent sans nous priver du style Mocky, fait de légèreté et d'approximations, de simplicité et de spontanéité.