Alors voilà, c'est Mocky, encore relativement jeune, classe comme c'est pas trop permis quand on se met soi même en scène, joueur de violon sur des paquebots, voleurs de diamants à ses heures perdues qui rentre à Paris, les poches pleines, des aventures plein la tête et son air chic accroché au sourire. Un genre Arsène Lupin international et coureur comme pas deux de retour chez lui. En arrivant à Paris, ce qui lui dirait c'est de revoir son frère, mais la vie est pas si simple, voilà que Mai 68 est passé par là, et tout a un peu changé. Bien sûr le mouvement est retombé comme on sait, les Français ont voté en masse pour l'ordre et la sécurité, les étudiants sont à l'école, les ouvriers à l'usine, et tout est bien qui finit bien. Tout ? Non. Parce qu'il règne dans cette France rangée de force une certaine amertume, une colère rentrée, une haine prête à bondir. Et le film commence par un attentat, une boite à partouze pour vieux richards pénards, on y boit du cognac et batifolant avec des gamines quelque part dans la banlieue parisienne. Et c'est son p'tit frère, le leader de l'attaque, lui, sa copine et quelques potes qui ont refusé d'accepter la défaite, la pression de la majorité. Une vraie boucherie cette histoire, tout ces gros pontes sur le carreau ça énerve les autorités.
Alors voilà, on a tout pour jouer au chat et à la souris, surtout qu'un attentat se prépare. Jean Pierre surfe sur la nouvelle vague avec cette histoire sans espoir, ces familles décomposées, ces espoirs déchirés.
Il règne une grande tendresse dans ce film ; c'est la balade d'un voleur sereinement anarchiste dans un univers étudiant plongé dans un terroriste qui le dépasse, c'est un romantique tranquille qui cherche à offrir un peu d'amour à une jeunesse perdue. Ça m'avait touché, cette histoire. Ce conflit entre le désespoir et la sérénité, entre l'amour d'un frère, d'un amant, et la haine de ces jeunes, de la société.