Quand on a annoncé Rogue one, j'étais sceptique. J'attendais plutôt Les Derniers Jedi. Rogue one s'est avéré une grande réussite, Les Derniers Jedi un vrai four.
Quand on a annoncé Solo, j'étais sceptique. Imaginer un Han Solo autre qu'Harrison Ford, des origines n'ayant pas besoin d'illustration, me laissait un goût amer.
Quand j'ai vu Solo, je me suis dit: "Pfiou! Voilà longtemps que je n'avais plus vu de Star Wars !"
Quand j'ai vu Solo, je me suis dit que, désormais, je troquerai Star Wars avec A Star Wars Story.
Solo, c'est un peu Young Indiana Jones / La Dernière Croisade. C'est un personnage de Ford joué par un jeune acteur talentueux, lui apportant une nouvelle facette, très semblable et toutefois repensée pour un hypostase plus jeune du héros. Après, Sean Patrick Flanery et River Phoenix, c'est à Alden Ehrenreich, belle découverte d'Avé César des frères Cohen, de jouer les Ford avant Ford en s'inscrivant dans la continuité du jeu de Ford sans faire du Ford, à la demande expresse de Ford. Et pour ceux et celles qui se sentiraient perdus: non, je ne parle pas de voiture !
Pari réussi pour le Young Han Solo qui s'est admirablement approprié le rôle sans donner dans l'art du mainate. Pari tout aussi réussi pour Donald Glover qui rajeunit avec brio Billy Dee Williams.
Solo, c'est aussi et avant tout un Star Wars à l'ancienne, sans les fioritures de la Postlogie.
La musique est là, les répliques reproduisent l'esprit de L'Empire contre-attaque, le scénario restaure le sentiment que l'on visionne un Star Wars, le sentiment que l'on a pu avoir devant la trilogie originale. Ce qui est normal, puisque pour y parvenir, on s'est défait de deux Rian Johnson en puissance pour privilégier un Georges Lucas en acte, j'ai nommé Ron Howard. Car s'il est le réalisateur pas toujours apprécié des Robert Langdon au cinéma, Howard est avant tout un proche de Lucas, un ami des origines qui a joué dans son American Graffiti et qui a co-réalisé son Willow. Les deux hommes ont une vision similaire de Star Wars et Howard, comme Spielberg, Kershner et autres membres d'un même groupe d'école du cinéma, a participé sans être crédité à la Trilogie mère. Il y a fort à parier que si la Postlogie avait été le fait de Ron Howard, elle eût ressemblé à Solo.
Solo, c'est aussi un casting très intéressant.
Parmi ceux qui n'ont pas encore cités, on retrouve le Silas du Da Vinci code d'Howard, Paul Bettany, de nouveau dans le rôle d'un antagoniste, Emilia Clarke, Miss Dragon Game of Thrones, Woody Harrelson, Mister Zombieland Twinkie, Warwick Davis, un habitué de Star Wars ainsi que
Ray Park dans son dernier rôle en date dans la saga Star Wars !!!
Solo, hélas, c'est aussi quelques défauts qui sont autant d'ombres au beau tableau qu'il dresse.
Et l'ombre souvent accusée dans les critiques du film n'en fait pas partie.
Il s'agirait plutôt de l'ombre Metoo qui plane sur le film. C'est en effet un comble pour un film centré sur Han Solo de mettre en scène tant de personnages féminins compétentes et des personnages masculins qui se contentent d'être des beaux parleurs: le baroudeur bad guy et un rien macho est devenu un gentil petit romantique que manipule à son aise sa belle, bien plus dans le secret des dieux que lui... Et que dire de L3, le robot dont Lando est épris, qui est la parfaite représentation de Rose McGowan version droïde
et qui finit par faire partie intégrante du Faucon Millenium: même le vaisseau de Solo est une femme ! Quelle inclusion !
Autre ombre à ce tableau, l'idée persistante que, comme le récit du vol des plans de l'Etoile Noire dans Rogue One, il n'était pas bien nécessaire de mettre en scène les origines du héros Han Solo. Tant que ces récits filmiques n'existaient pas, il restait au spectateur un hors-texte où il pouvait mettre à contribution son imagination, nourrie par les éléments des films. Ce manque de hors-texte est sans doute à l'origine de notre époque cinéphile qui voit fleurir les théories, par manque de hors-texte vierge propice au déploiement de l'imaginaire...
L'ombre enfin, c'est cette fin ouverte qui laisse entendre que Solo constituera une saga à l'intérieur de la saga A Star Wars Story ! Le film aurait pu suffire à lui seul à expliquer comment Han est devenu Solo.
Ombre liée à cette ombre, un personnage très apprécié fait son grand retour !
Et c'est une ombre car il s'agit de Dark Maul qui, si l'on excepte l'univers étendu de la fan fiction et de Clone Wars, est mort à la fin de La Menace Fantôme ... Retour cautionné, comme dit plus haut, par son interprète original Ray Park, doublé pour ses répliques. Car, oui, non seulement Maul n'est pas mort mais en plus, il se met à causer ! Un comble pour un personnage qui devait une bonne part de son aura à son mutisme...
Néanmoins, Solo confirme le succès de la saga Spin-off A Star Wars Story qui devait initialement servir à faire attendre les nouveaux Star Wars et qui, finalement, les supplante avec force et brio !
Une victoire ? Non. Mais de commencer vient juste la Star Wars War !