Adapté du trop méconnu personnage inventé par Robert E. Howard (à qui l'on doit le bien connu Conan), Solomon Kane raconte l'histoire, d'un guerrier tout de noir vêtu, fervent religieux, un "puritain" comme il se fait appeler, se battant impitoyablement au nom de dieu, tout en se sachant à l'avance damné et condamner à finir en enfer.
Dans le film on le retrouve alors dans une Angleterre du XVIème siècle, où il essaye de se faire oublier et de se racheter dans un monastère en ayant juré de ne plus jamais se battre et de vivre à présent en "homme de paix". Le mal qui sévit et s'étend sur le pays va cependant le forcer à sortir de sa pénitence pour reprendre les armes et s'imposer comme un espoir de liberté et de rebellions pour les habitants tentant désespérément de résister à cet ennemi qui corrompt tout le monde et semble inarrêtable.
En toute franchise, ce film n'est rien de plus qu'une série B et n'a nulle prétention d'être plus que cela. Il aurait très bien pu finir dans les fins fond des DTV, mais ce ne fut pas le cas et il bénéficia en effet chez nous d'une sortie en salle, cependant de manière internationale le film est un échec cuisant au niveau du box office et ne remboursera qu'un tiers de ces coups de production (15 millions de recettes pour 45m de budget) de fait, aucune suite ne verra jamais le jour et… j'ai presque envie de dire que c'est dommage parce qu'en vrai en voir plus ne m'aurait pas dérangé. En effet, en tant que tel le film, réalisé par Micheal J. Basset - rendons à César ce qui est à César - loin d'être franchement mauvais, est un divertissement des plus honorables, devant lequel on passe une très agréable 1h45.
De plus, James Purefoy - Hugh Jackman étant occupé à tourner dans Wolwerine - campe ici un bon Solomon Kane, on retrouve le caractère très taciturne, mystérieux et prêt à en découdre que la plume de Robert E. Howard décrivait avec tant de détails et de précision. De plus, l'aspect extrêmement proche de Dieu qu'avait le héros est ici également très bien retranscrite à l'écran.
Tout autant on en profite pour humaniser d'avantages le personnage, on lui ajoute une idée de rédemption, bien qu'il découvre qu'elle soit veine et qu'il est quoi qu'il arrive condamné à tuer au nom de Dieu même si cela doit le conduire en enfer.
On lui rajoute également une sorte d'intrigue amoureuse avec une jeune femme qui sera le moteur de ce combat contre les forces du mal puisqu'elle aura été enlevé par eux.
Tout ça contribue à rendre le personnage plus attachant au spectateur sans pour autant trop perdre de l'aspect mystérieux, spectre vengeur, expéditif qu'il a dans les nouvelles.
Là où le scénario m'a laissé beaucoup plus septique, c'est sur l'envie de vouloir lui rajouter un passé et intrigue familiale qui sent bon le manque d'inspiration de la part de notre réalisateur qui a aussi donc fait office de scénariste (d'autant que l'histoire est inédite et non réellement inspiré d'une des nouvelles d'Howard… mais j'y reviendrai). En effet l'une des caractéristiques du héros, dans les nouvelles, est justement son absence de passé, d'histoire, on ne sait pas qui il est, voir même ce qu'il est ; on sait seulement qu'il habité par sa dévotion à Dieu et une soif de justice, de vengeance. Alors, lui rajouter une histoire de crise adolescence avec son père conduisant à une fugue d'une vingtaine d'années, couplée à une rivalité fraternelle avec une scène une confrontation se soldant de manière un peu… ridicule cela ne m'a pas convaincu... loin de là.
Pour revenir à l'intrigue, l'auteur a choisis de la situer dans une Angleterre du XVIsiècle semblant presque encore en proie à la peste noire. L'ambiance se veut donc très sombre, lugubre, un brin cadre. Les habitants n'ont pas d'autres choix d'accepter la servitude ou de tenter de résister tant bien que mal. L'ambiance sied donc complètement au sujet du récit et à l'univers de Kane, à ce niveau je n'ai rien à redire, c'est parfait.
Le seul truc qui encore une fois me dérange c'est que dans les récits, 90 % des aventures se passent au beau milieu de l'Afrique australe ou centrale, dans un univers sauvage où règnent d'étranges créatures et une magie africaine pleine de mystère. Et c'est ce qui est pertinent dans les récits, confronter la foi de Kane un personnage plus ou moins de cape et d'épée à ce continent alors sauvage, inhospitalier et plutôt fantastique. Alors, certes la scène d'ouverture se passe en Afrique du nord, mais elle n'a pas vraiment de lien avec le reste du récit et elle aurait pu être coupé que ça n'aurait, selon moi, pas changé énormément de choses au film. Mais à mon avis situer l'action Angleterre doit aussi s'expliquer par des avantages financier pour pouvoir tourner à moindre frais.
Enfin parlons - tout en restant vague - de la scène de combat final. La révélation de l'identité du méchant - enfin plus précisément de son bras droit - m'a paru à mon humble avis un peu téléphonée et prévisible. De même si l'action est au rendez-vous on n'a pas franchement l'impression que la difficulté est insurmontable pour Kane et à la fin on se dit un peu « à c'est tout, il suffisait de ça pour vaincre le grand méchant » de plus l'espèce de grosse créature qui sort du miroir fait un peu gros et est au final très simple à vaincre.
Ainsi Solomon Kane, adapté de l'oeuvre du même nom, très bon divertissement et loin d'être un mauvais film, n'en reste pas moins un film de série B ; qui se permet quelque liberté avec l'œuvre original parfois bienvenue et apportant réellement un plus au film, parfois dénaturant à mon sens un peu le propos de Robert E. Howard tout en étant pas forcément très original et un peu bancal dans le traitement.