A scene at the sea
« Quoi, tu veux pas payer ? Quoi, vous en voulez pas de mon film ? Ça marche pas ? Ça se vend pas ? J’fais du non-jeu moi ? バカやろう !* Vous croyez que je vais faire le clown et balancer des blagues...
le 5 févr. 2014
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Dès les premières minutes, la musique de Joe Hisaishi, connu pour son travail sur les films de Myazaki, annonce la dimension poétique de Sonatine. Si on y retrouve la violence propre au milieu de la pègre japonaise, celle-ci passe au second plan, Kitano empruntant au genre du Yakuza eiga avant tout la forme, pour faire de Sonatine un film entre le drame et la poésie.
Murakawa est envoyé par son chef porter main forte au clan Nakamatsu, en pleine guerre avec un clan rival. Mais après plusieurs pertes, ses compagnons et lui-même sont amené à s’exiler sur une plage.
Face à un mode de vie où la violence et la mort est chose courante, cette retraite au bord de la mer, se transforme en un paradis terrestre pour l’ensemble du groupe. Les différents hommes s’adonnent alors à toute sorte de jeux, le temps qu’une trêve soit prononcé entre les deux clans, et retombent progressivement en enfance. Rien d’étonnant tant la plage est le lieu symbolique des vacances, et de la fin d’année scolaire, ce qui en fait un endroit purement enfantin. La guerre, qui quelques jours avant faisait encore rage, à l’image de cette explosion dans un bureau, devient un amusement. On se tire dessus avec des feux d’artifices tandis que la violence physique se transforme en combat amical de sumo dans le sable.
Kitano livre une œuvre à la fois paisible où le temps semble suspendu, mais aussi explosive où la mort peut revenir frappé à chaque instant, comme le symbolise le jeu de Murakawa sur le sable, un shifumi combiné à une roulette russe. En effet la plage bien que lieu d’exil ne peut échapper à la réalité et à la mort, comme le montrera l’assassinat de Ken par un yakuza adverse. Ces quelques scènes de meurtres résument assez bien le cinéma de Kitano, cinéma qui conjugue à merveille le paisible et le foudroyant. L’utilisation du plan fixe où l’on voit les victimes transpercé par les balles, suivit d’une coupe nette, vient créer ce contraste qui mêle calme et brutalité.
La mort, omniprésente dans le long-métrage, prend alors une allure de délivrance. Murakawa le dit lui-même « Parfois j’aimerais mieux mourir tant la peur est grande ». Une simple palette d’expression, suffit à Kitano pour incarner avec justesse ce yakuza désabusé, qui n’attend plus rien de la vie. Car, à l’image du chemin qui relie la plage à la ville, et qu’on verra à de multiples reprises, la vie de yakuza est un chemin déjà tracé où la mort est la destination finale.
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Créée
le 1 mars 2023
Modifiée
le 1 mars 2023
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