Sonic 3, le film
6.2
Sonic 3, le film

Film de Jeff Fowler (2024)

Jamais 2 sans 3


Cette critique fait suite à celle du premier volet en 2020, et du second en 2022. Deux films que j’ai plutôt appréciés aussi bien en tant que spectateur, qu’en tant que « petit fan » de la licence. Ils remplissaient très bien leur rôle de divertissement, et demeuraient incroyablement respectueux du lore du Hérisson Bleu. Malgré qu’à l’époque, j’ai été dérangé par l’humour beaucoup trop enfantin pour moi de la part du personnage de Sonic, ainsi que de grosses facilités et incohérences scénaristiques.


Quant à ce nouvel opus, bien qu’il ne corrige pas 100% des défauts cités de ses prédécesseurs, il reste indiscutablement le meilleur des trois films. Et à voir impérativement au cinéma pour tout fan de Sonic, et pas que.


Shadow the Hedgehog, le film


Car oui, c’est surtout un film destiné aux (très nombreux) fans de Shadow. Et qui aurait presque pu prendre la place de Sonic dans l’intitulé sans que ce soit choquant. Vu le temps de présence à l’écran de ce rival emblématique du Hérisson Bleu à qui il vole clairement la vedette. Et cerise sur le gâteau, il est doublé par le John Wick en personne, ce bon vieux Keanu Reeves (et Jean-Pierre Michaël en VF). Un doublage que j’ai trouvé de qualité et qui colle bien à un personnage aussi badass et ténébreux que lui.


Depuis son annonce à la scène-post générique du second film, je me suis posé beaucoup de questions quant à la manière dont allait être traité le personnage. Surtout concernant son histoire tragique au sein d’un univers cinématographique aussi « grand public ». Au final, et pour mon plus grand soulagement, ce fut loin d’être dénaturé. Sans forcément adhérer à ses méthodes et à sa vision des choses, on comprend clairement comment Shadow en est arrivé là. Et la souffrance qu’il a dû endurer après avoir été séparé brutalement des rares êtres qui lui étaient chers.


Dont Maria, un personnage tout droit sorti des jeux et ô combien important pour Shadow. Ici incarnée par la jeune Alyla Browne qui a fait une précédente apparition cette année dans Furiosa: A Mad Max Saga. Je l’ai trouvé assez touchante dans le rôle de son unique amie et confidente. Même si j’aurais préféré que le film prenne un peu plus le temps de développer cette relation.


Pour moi, Shadow est la raison pour laquelle cet opus surclasse ses prédécesseurs. D’abord parce qu’il apporte quelque chose de beaucoup plus sombre et mature. Jusqu’à même aborder frontalement le thème de la mort, et qui justifie probablement sa classification en PG-12 aux USA.


Et grâce à lui, on a eu droit aux meilleures scènes des trois films. Certaines sont tout bonnement spectaculaires et resteront gravées pendant très longtemps dans les mémoires des fans. Dont une à la toute fin avec une reprise épique d’un des morceaux les plus iconiques de la saga par Junkie XL qui est revenu composer pour ce troisième film. Ce qui m’amène à dire qu’en termes d’effets visuels, cet opus s’en sort nettement mieux que les autres. On sent qu’ils ont mis le budget contrairement au précédent qui fut très inégal sur cet aspect.


Mais la question la plus cruciale que je me suis posée (et peut-être vous aussi) par rapport à Shadow, c’est à quoi aurait-il ressemblé si son modèle était calqué sur le tout premier design de Sonic ? Rien que de l’imaginer j’en ai des sueurs froides. On a vraiment évité le pire..


Jim au carré


Quoi de pire qu’un Dr. Robotnik ? Deux Dr. Robotnik pardi ! Et faut croire que Jim Carrey tient ce rôle à cœur au point d’abord de sortir de sa retraite cinématographique qu’il avait lui-même annoncée après le deuxième opus. Et d’apparaitre deux fois dans le même film pour incarner deux personnages « différents ». À la fois le Ivo que l’on connait des films et des jeux, et son grand-père Gerald nouvellement introduit.


Ce qui les diffère réellement, tient de leurs motivations. Surtout pour Gerald qui a un passif avec Shadow. Puisqu’en termes d’apparence (à une cinquantaine d’années près), d’intellect, et bouffonnerie, ils ont tout en commun et c’est clairement dans leurs gènes. Ce qui donnait lieu à des séquences très « Jim Carrey » qui, pour certaines m’ont fait bien marrer. Le quatrième mur en a pris pour son grade.


D’ailleurs, la simple présence de Gerald a eu un effet considérable sur le développement du Robotnik « petit fils ». Fini l’obsession maladive qu’il avait pour son ennemi juré de Hérisson Bleu. Il en est même à mettre son égo surdimensionné de côté pour « s’allier » à lui afin de faire face à Shadow. Même si la véritable menace est bien plus proche qu’il l’imagine. À côté, Ivo passe pour un enfant de chœur.


Il en va de même pour sa complicité avec l’agent Stone (Lee Majdoub) qui sera beaucoup impacté. Ce dernier qui aura droit à des scènes assez sympathiques et parfois poignantes. Le mettant bien plus en valeur qu’à l’accoutumée.


Après trois films, je peux affirmer qu’avoir casté Jim dans ce rôle fut la meilleure décision prise par la Paramount avec le changement du premier design de Sonic. Dorénavant, je ne vois personne d’autre que lui pour incarner Robotnik.


Sonic Team


Pas grand-chose à redire sur les sidekicks de Sonic que sont Tails, et mon préféré Knuckles tous deux fidèles à eux-mêmes. Déjà bien développés dans le précédent film, et aussi au sein d’une série (que je n’ai pas vu à ce jour) pour l’échidné.


Concernant Sonic, et pour la première fois dans cette franchise, il semble enfin gagner un peu en maturité. Tout ça grâce à Shadow (encore lui) avec qui il partage des points communs allant au delà de la simple apparence physique. Se voyant à travers lui comme un miroir de ce qu’il aurait pu devenir s’il n’était pas aussi bien entouré.


Si je devais prendre une autre œuvre pour illustrer leur dualité, ça serait un peu comme Naruto et Gaara. Deux personnages qui ont vécu une enfance difficile et connu une longue période de solitude. Le premier ayant réussi tant bien que mal à se faire des amis (comme Sonic). Et le second qui n’a pas eu cette chance, et finira par basculer lentement mais surement dans la haine (comme Shadow).


Pour ceux qui restent, plus on avance dans les films, et plus les personnages de Tom (James Marsden) et Maddie (Tika Sumpter) demeurent anecdotiques. Alors qu’à la base, c’est grâce à eux deux que Sonic a pu sortir de sa solitude dans le premier opus.


Le plus triste, c’est que le seul moment dans le troisième où ils servent un peu à quelque chose, ce n’est même pas « en tant que Tom et Maddie » pour le dire ainsi sans trop spoiler. D’ailleurs, j’étais pas spécialement emballé de revoir cet « autre couple » à qui l’on doit une séquence d’infiltration complètement lunaire vers la fin du film.


Même les membres du GUN avec la directrice Rockwell (Krysten Ritter) à leur tête, ont été mis davantage en avant c’est dire. Alors que très franchement, je ne les ai pas trouvé crédibles pour un sou. À aucun moment ils n’ont représenté une sérieuse menace pour les protagonistes. L’impression qu’ils étaient juste là pour faire acte de présence et faire le lien avec l’histoire de Shadow.


Conclusion


Tout comme ses prédécesseurs, ce troisième volet est avant tout destiné aux fans du Hérisson Bleu à qui je le recommande les yeux fermés. Mais pour un spectateur totalement extérieur à cet univers, ça reste un divertissement efficace qui ne bouleversera pas le genre, et avec son lot d’imperfections. Du grand spectacle avec un niveau de fan-service qui n’a jamais été aussi élevé, au détriment d’une intrigue prévisible à des kilomètres et encore et toujours des facilités scénaristiques. J’aimerais sincèrement qu’à l’avenir, que des efforts soient faits de ce côté-là.

Néanmoins, j’ai apprécié le ton plus mature et le fait qu’il ait tenté des choses vis-à-vis de ses personnages principaux qui ont subi une nette évolution. En particulier Sonic et Ivo Robotnik. Et pour une première apparition de Shadow dans un film de cette franchise, c’est pour moi une franche réussite.

On sait déjà qu’un quatrième volet est en chantiers et prévu pour le printemps 2027. Mais il y aura forcément un film où le « Hérri-sombre » comme j’aime l’appeler, aura son propre long-métrage. Au vu de sa popularité, ça me semble inévitable. En tout cas, ce SCU pour « Sonic Cinematic Universe » a encore de beaux jours devant lui.

Nindo64
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il y a 4 jours

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