Sonny angel
Produit par Ovidio G. Assonitis, célèbre pour avoir donné sa chance à James Cameron avant de le virer à coups de pied aux fesses, mais aussi réalisateur du pire (Tentacules - 1977) comme du meilleur...
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le 30 janv. 2025
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Produit par Ovidio G. Assonitis, célèbre pour avoir donné sa chance à James Cameron avant de le virer à coups de pied aux fesses, mais aussi réalisateur du pire (Tentacules - 1977) comme du meilleur (Madhouse - 1981), Sonny Boy reste certainement l'un des films les plus frappadingues de la fin des années 1980.
Visiblement très influencé par les bisseries de Russ Meyer, époque Lorna et Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !, lors de la rédaction de son script, Graeme Whifler imagine le meurtre d'un jeune couple par un redneck complètement dégénéré (campé par Brad Dourif) qui vole leur véhicule afin de l'offrir à un type encore plus taré (Paul L. Smith) qui, lui, vit avec un travesti déficient (David Carradine) et impose sa loi dans cette région du Nouveau Mexique où il n'hésite pas à littéralement exploser des policiers trop curieux avec un obusier. Dans la voiture volée, un bébé pas vraiment prévu au programme pleurniche sa défunte maman et le travesti décide tout de go de le garder. Élevé à la dure tel un animal sauvage, quotidiennement torturé et humilié, l'enfant devient un homme sans repère, utilisé par sa "famille" pour accomplir des meurtres cannibales...
Imaginez L'Enfant Sauvage de François Truffaut sous la direction de Wes Craven en 1977 et vous obtenez cet OFNI (objet filmique non identifié) empreint d'humour noir de jais. Ici, à part une blondinette sur un scooter qui s'enlise dans sa solitude et un médecin alcoolique qui rêve d'un ailleurs, tous les personnages sont complètement allumés, ultra violents, sadiques et pervers. Le film dépeint ainsi une Amérique white trash sans concession, totalement refermée sur son désœuvrement destructeur, mais toujours fière de sa culture western où prône la loi du plus fort et du plus fou. Sonny Boy, l'enfant sauvage devenu adulte, fait donc face à toute l'ignominie humaine, sa bêtise, son intolérance et sa violence. Et pour survivre à la violence, il vaut mieux user de violence. Même si elle reste inconsciente, puisque ce pauvre garçon n'a jamais rien connu d'autre.
Si le scénario contient de nombreuses maladresses d'écriture, c'est le réalisateur Robert Martin Carroll qui transcende le script avec une remarquable mise en scène. L'homme est cinéphile, ça se voit, et s'amuse à saupoudrer son métrage de petites références discrètes mais terriblement efficaces où le Furie de Fritz Lang, le Spider Baby de Jack Hill, le Délivrance de John Boorman ou encore le Massacre À La Tronçonneuse de Tobe Hooper se voient conviés au chaotique festin. Chaotique parce qu'il semble que le tournage ne fut pas de tout repos et cela aussi se voit à l'écran. Tout y est sincère, à l'image du fou furieux Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, le premier (et meilleur) long-métrage d'Alex Proyas. Et bien que Sonny Boy ne soit qu'un simple film de commande, Carroll met tout son cœur et toutes ses tripes à l'ouvrage. Le film se verra néanmoins fustigé, d'abord par par les distributeurs, puis par le public américain qui a toujours refusé de voir son image dévalorisée dans le reflet de son miroir sociétal. Le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven en fera d'ailleurs les frais quelques années plus tard avec Showgirls, film lui aussi rejeté par le public américain mais pourtant exceptionnel de pertinence. À cause de Sonny Boy, la carrière de Robert Martin Carroll ne décollera malheureusement jamais, ce qui est fort dommage puisque sa compétence crève l'écran malgré un très maigre budget en poche.
Au-delà de la réalisation, le casting est également remarquable. Après avoir longuement incarné le type badass dans une multitude de bisseries au cinéma (La Course À La Mort De L'An 2000, Cannonball, Le Cercle De Fer, etc.), David Carradine se métamorphose ici en travesti un brin arriéré qui reste néanmoins le seul personnage "familial" à apporter un (strict) minimum d'affection à ce pauvre Sonny. L'implication de l'acteur fut également musicale puisqu'il composa et interpréta les deux chansons thèmes du film, Maybe It Ain't et Paint. Le premier couplet de cette dernière est par ailleurs gravé sur sa pierre tombale : “I'm lookin' for a place where the dogs don't bite. And children don't cry and everything always goes just right. And brothers don't fight.”
Un couplet qui résume pleinement les espoirs d'un Sonny, en quête d'un sentiment d'amour dont il ignore jusqu'à l'existence mais qui le ronge le plus humainement du monde. À l'image de cette scène aussi féroce que bouleversante où une motarde lui assène plusieurs coups de couteaux au ventre avant que Sonny ne la renverse violemment de sa moto pour finalement la serrer dans ses bras. Le yin et le yang d'une humanité brutale en perpétuelle quête d'amour.
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le 30 janv. 2025
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