Sons
6.5
Sons

Film de Gustav Möller (2024)

"-J'ai rien fait ! -Alors qu'est-ce que tu fous en prison ?"


6 ans après son très bon premier long, «The Guilty», un huis-clos en temps réel bien tendu comme il faut, le réalisateur danois Gustav Möller nous revient avec ce drame-thriller carcéral, traitant notamment du rapport de domination et de la bascule du sens moral dans cette zone grise, particulièrement glissante et dangereuse.


La talentueuse Sidse Babett Knudsen (La Fille de Brest, Westworld) y incarne avec conviction Eva, cette femme évoluant dans un décorum très masculin (dont on ne sortira quasiment jamais, renforçant le sentiment d'enfermement de nos protagonistes).


Gardienne bienveillante et professionnelle envers les détenus dont elle avait la garde, elle va se retrouver face à Mikkel, celui qui lui a enlevé son fils.

Déterminée à se venger et gardant ce secret pour elle, elle va être transférée dans la même unité, réputée dangereuse, que Mikkel, et dorénavant se résoudre à faire de sa vie un enfer, quitte à se mettre en danger, à transgresser les règles en place et à dépasser la ligne rouge.

Usant de son poste et de son uniforme pour avoir le dessus et soumettre ce détenu imprévisible et violent, elle va se retrouver prise à son propre piège, manipulée à son tour par celui dont elle a voulu se venger.


Portrait de 2 êtres emprisonnés chacun à leur façon, devant vivre avec leur culpabilité et leurs "fantômes", et où la notion de pardon semble perdue d'avance, une œuvre assez immersive et maîtrisée, mais où l'empathie a un peu de mal à se faire pour Eva, surtout au vu de ce qu'elle fait subir à Mikkel.

Quant à l'histoire, certaines facilités scénaristiques viennent impacter la crédibilité de son déroulé (a-t-on aussi facilement accès à tout, même dans une prison danoise ?), et celle-ci se perd un peu dans ce qu'elle voudrait vraiment nous raconter quand la bascule s'opère entre Eva et Mikkel et que leurs rapports évoluent dans une ambiguïté constante.

La structure narrative de son précédent film était, elle, plus maîtrisée dans son ensemble.


Un drame carcéral et psychologique que j'ai malgré tout bien apprécié (notamment grâce à son casting et sa réalisation), mais un peu fragile au niveau scénaristique pour en faire une œuvre véritablement marquante. 6,5-7/10.

Raphoucinevore
7
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le 13 juil. 2024

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Raphoucinévore

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