Après le brillant exercice de style qu'était The Guilty, le cinéaste suédois-danois Gustav Möller reste déterminé à faire frissonner son public avec son deuxième long-métrage, Sons, à l'écriture et à la mise en scène tout aussi incisives. Il faut avouer, cependant, que certaines situations posent question, quant à leur crédibilité, dans cette confrontation hostile entre une gardienne de prison et un taulard terrifiant. Mais puisqu'il ne s'agit pas d'un documentaire sur l'univers carcéral en Scandinave, accordons à la fiction le droit de prendre la liberté de parfois passer outre au peu de vraisemblance d'une poignée de scènes. Car pour ce qui est de la tension et de l'absence de temps mort dans son quasi huis-clos en quartier de haute sécurité, Sons est rarement pris en défaut. Le film ne montre jamais la matonne en dehors de l'exercice de ses fonctions, taisant une vie privée que l'on devine sans plaisir, pour une raison qui est révélée relativement tôt. C'est un film aimable comme une porte de prison, mais qui sait nuancer de touches de gris sa noirceur qui serait sinon insoutenable. Sons a été écrit pour l'immense Sidse Babett Knudsen, absolument prodigieuse de bout en bout et dont la prestation vaut presque, à elle seule, la peine de s'aventurer dans les geôles du désespoir.