Si l'on passe les quelques faiblesses de mise en scène, et de jeu des acteurs, qui, d'ailleurs, peuvent, sans mal, être tolérées, "Sorry We Missed You", s'avère être un film passionnant.
J'admire Ken Loach. Pas l'oeuvre ( que je connais mal ), l'homme. J'admire son engagement, son esprit critique vis-à-vis du système en place, son combat pour les plus démunis. Des choses, trop rares aujourd'hui, des qualités qui font aussi la qualité, de "Sorry We Missed You".
La peinture que Ken Loach, fait de la vie d'une famille, détruite par un système dont elle est l'un des rebuts, est dure, noire, sombre, propre à susciter l'indignation. Mais tellement réelle.
Les acteurs ne sont pas toujours exceptionnels, toutes les scènes n'ont pas la même intensité, la mise en scène laissent parfois à désirer, mais il est certain que le dernier film de Ken Loach, émeut, touche, indigne.
C'est d'ailleurs, le plus important. Ken Loach, filme en maître, la descente aux enfers d'une famille, une descente aux enfers progressive, qui commence par le fils, et finit par s'imposer à toute la famille.
Ce film de Ken Loach, dégage une puissance noire, et c'est là l'une de ses grandes forces. Les personnages sont globalement plutôt vrais, et, on sent bien que la situation de cette famille prise au piège, d'un système qui ne veut pas d'elle est réelle, réelle, hélas, tellement réelle.
Ken Loach, filme son histoire, comme une tragédie moderne, dominée par une fatalité, un fatum, un anankè, qui n'a rien de surnaturel, qui est plutôt inhérent, à un système, dont les personnages principaux, du film, sont les victimes.
Ce film est dur, sombre, mais nécessaire. Ken Loach, dénonce avec talent, une réalité, qui ne devrait pas être. Et le film finit magnifiquement, dans la folie et dans la perdition, d'une famille qui a, définitivement, trouvé son destin : elle sera le rebut, ce seront les exploités, les pauvres, les démunis, les méprisés, les esclaves contemporains.
Cette ambitieuse chronique sociale, est du pur Ken Loach.