Après la découverte du très singulier The Last of us, le nouveau film du réalisateur tunisien Ala Eddine Slim semble vouloir nous perdre encore davantage, jusque sur les rivages du fantastique. Tout débute pourtant de façon réaliste dans Tlamess mais cela ne dure qu'un moment et il n'y a d'autre choix que de se laisser entraîner dans des paysages inattendus qu'ils soient mentaux ou non. Mais cette fois, le cinéaste, s'il continue à nous parler de solitude et de vie en dehors de la société, va plus loin et prend des risques dans une fable déconcertante où il convoque aussi bien Adam et Eve que Robinson Crusoé et même 2001, Odyssée de l'espace. Contrairement à The Last of us, Tlamess n'est pas muet quoique les moyens de communication subissent parfois quelques aménagements surprenants. Capable d'étirer des scènes au maximum, Ala Eddine Slim est parfois adepte de coupes au noir très brutales. Le film est un objet fascinant et ésotérique mais attention tout de même à ne pas trop opacifier le propos que certains pourraient avoir la tentation de qualifier de "n'importe quoi." Il n'est pas interdit de penser à Weerasethakul, Tlamess donnant l'impression d'une expérimentation d'abord sensitive avant d'être intellectuelle. Il faut juste accepter de se laisser entraîner dans une aventure visuelle et narrative à part et accepter de ne pas chercher à en comprendre le fin mot. Quoiqu'on aimerait bien connaître un peu mieux les intentions du scénario, quand même.