Soudain l'été dernier par Florent
(critique courte avec quelques spoilers)
Un Mankiewicz de plus vu. Une occasion pour une fois de plus, s’émerveiller de l’art des dialogues et de la science de la mise en scène de Monsieur Joseph, ici mises au service d’un récit inspiré d’une pièce de Tennessee Williams.
Le pitch annonce d’emblée un drame sombre qui entre les mains d’un autre réalisateur verserait sans doute dans le glauque facile voire le "d4rk". Oh oui on la voit venir, la marâtre manipulatrice avec son désir incestueux pour son fils décédé. Enfin plus que cette relation quelque peu stéréotypale (Manki lui-même reprochait à la pièce d’être trop freudienne à ce qu’il paraît), j’ai surtout retenu cette croyance de faire partie des lucides et même des « élus » qui la caractérise. Tout ce qu’il y a de plus effrayant.
Si le film reste controversé pour la représentation de l’homosexualité (de Sebastian), il me semble surtout une dénonciation de la perversité et du désir égoïste de Sebastian (et qui fascine sa mère justement). Il est certain qu’il aurait été moins tendancieux de faire la même chose avec un hétéro mais je préfère encore ça à un truc lisse et bien-pensant qui n'a rien à dire…
Avec tout ça j’ai pas parlé d’Elizabeth Taylor mais sa composition, de la légèreté jusque dans le pathos, est tout bonnement extraordinaire (et tant pis pour l’usage d’un mot galvaudé) et tient tête à la non moins extraordinaire Katherine Hepburn. Au milieu, Montgomery Clift a un peu de mal à s’imposer, surtout que son rôle est celui d’un homme calme et placide. Reste que le film vaut son pesant d’or pour ce trio d’acteurs et actrices.