Nanar écolo
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le 5 juin 2024
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Quelque part dans l’Océan Indien, au large de ce que l’on appelle tristement le 5e continent, ce fameux gigantesque amas de plastique provenant des poubelles du monde entier, emprisonnant tortues, baleines, et des centaines d’espèces destinées avant tout à finir en makis printemps, une courageuse équipe de scientifiques s’active.
Pour prendre la mesure du désastre, ces biologistes marins documentent leur exploration afin d’alerter un monde qui court à sa perte. Sophia (Bérénice Bejo) voit s’éloigner son homme et ses trois potes/collègues. Ils blaguent “entre couilles”, et ignorent encore ce que le sort leur réserve. Moi, je le sais, car je suis sur Netflix, devant un film de Xavier Gens, et je pige assez vite que ces 4 hétérosexuels leucodermes vont servir de sacrifice symbolique à une bête en surpoids et aux dents pointues (Xavier Gens hein pas le requin).
Et voilà donc que nos 4 privilégiés sous-marins se font dézinguer par une femelle de 6 mètres qui en faisait à peine 3 le mois dernier. De quoi surprendre le premier Jacques-Yves venu. Et ce n'est pas si mal filmé que ça en plus. Une production avec du fric, et une entame pas si dégueu avec cette catastrophe écologique absolue en arrière-plan qui angoisse plus que l’attaque en elle-même.
Maintenant, que le casting est "purifié", on va pouvoir passer aux choses sérieuses. Direction Paname - comme disent les provinciaux installés intra-muros depuis moins de 2 ans - où notre Sophia est approchée par Mika ( Léa Lévian ), une militante écologiste dépeinte toute en nuance et en subtilité (une jeune fille aux cheveux bleus, pleine de morgue, écolo non genrée). Également préoccupée par le sort de la planète, elle reconnaît en Sophia la queenie qu’elle n’a jamais cessé d’être *.
Elle invite Sophia dans les locaux de l’association underground (un immeuble de 600 mètres carrés en plein Paris, on nous a menti sur l’état de l’immo à Paris, euh Paname, j’veux dire). Dans la salle, on projette sur un mur des vidéos de Planet Earth épisode 3 “requin mon ami”, Mika présente l’équipe à Sophia, des geekettes dépeintes toute en nuance et en subtilité (grosse paire de lunettes, style kawai, disney punk en option).
Elles montrent à Sophia des data concernant la migration vers la Seine de la requine responsable du veuvage de Sophia. Et si j’avais le pouvoir d’être un personnage, de préférence le tonton réac taquin, souvent présent aux repas de famille de notre militante Q+, je ferais remarquer à ma nièce Mika que c’est mal de s’opposer à la migration des requins, que ça dénote un esprit sectaire propre à la France rance renfermée sur elle-même, et je conclurais ma tirade en la traitant de grosse spéciste parce qu’elle veut expulser le requin hors Paris d’ici la fin des 3H (temps ressenti), et donc privilégier les silures franciliennes.
Cinéma de Gens
Je vous passe les détails, mais Sophia fait la rencontre de la fameuse brigade fluviale et pour le coup, on peut féliciter X. Gens d’avoir évité les clichés, mais il les a tellement évités qu’il est tombé dans l’excès inverse : l’invraisemblance. À la tête de la brigade, Adil (Lassim Lyess), un gros BG au comportement surprenant dans une production moderne. Car l’obsession de l’époque étant à la “déconstruction”, bon nombre d'héros masculins sont devenus des types mous en ceintures et bretelles (cf les films avec Chris Pratt, Timothée Chalamet, Nicolas Maury, Pierre Niney et même James Bond etc...). Adil a le privilège des Gabin Ventura de se montrer ultra patriarcal avec tout ce petit monde sans que ça ne soulève les protestations habituelles du genre. Surtout venant d’un flic ! C’est un véritable tour de force qui s’étale devant nos yeux. Malheureusement, c’est un personnage très unidimensionnel dont la rudesse n’est pas compensée par une quelconque malice, comme cela pouvait être le cas dans le temps avec des Harrison Ford ou JP Belmondo. Il se montre donc ultra protecteur et accorde des droits de circuler comme un mec de la BAC, ça rend le personnage réaliste pour le coup, mais peu sympathique. D’autant que je suspecte les agents de la brigade fluviale d’être plus détendus du slip et d’avoir un solide sens de l’humour - il vaut mieux quand ton job est d’aller draguer le fond de la Seine pour repêcher des suicidés en état de décomposition avancée.
Dans tous les cas, le personnage est mal construit, et Lassim ne le joue pas très super bien (et ce n'est pas le seul, hein Léa et Bérénice...), et quand son personnage échafaude un plan pour évacuer les militants écolos, la gestion du truc tourne au bain de sang faisant passer les catacombes pour le jacuzzi de Dracula. C’est justement pour ça qu’on regarde vous allez me dire, et il aura fallu attendre longtemps, et XG n’est pas Spielberg, l'exposition n'est pas son point fort...
Les 20 dernières sont ébouriffantes pour certains (Stephen King, faut que tu t’arrêtes.) Je parie que les mêmes se pincent le nez devant Lavantula ou Sharknado 8.
Sous le navet, la plage
Le plus décevant avec SLS, c’est que ces invraisemblances ne sont pas plus amusantes que cela, alors que c’est le but, à la base des films complètement cons. Et nous sommes devant un film complètement con. On ricane plus devant la construction involontairement maladroite des personnages que devant les corps déchiquetés des participants au JO. Un autre mystère est celui de la caricature de la maire de Paris, qui est comme nous le savons tous... Valérie Pécresse ?! Euh, non, attendez, je ne suis plus trop la politique, mais y a pas une erreur ? À moins que Gens rechignant à entretenir une connivence moqueuse avec les anti vax facebook qui appellent Annie Dingo la maire de Paris, ait sans doute préféré se défouler sur la malheureuse Valoche et ainsi mettre sur son dos le carnage avec des décisions invraisemblables. La même que le maire dans Jaws, “je vais quand même pas interdire l’accès à la mer parce qu’il y a des requins tueurs ! ”. Une réaction qui s'expliquait déjà mal dans le film de Spielberg.
D’autant que la requine n'est plus seule, une drôle de louloute cette Lilith de s’être adaptée à l’eau douce et à l’absence de mâle aux alentours pour se reproduire et faire payer à l’espèce humaine son inconscience. Je parie que le squale s'appelle Gaïa dans le script original.
Je ne dévoile pas la fin, mais il y a des chances qu’une partie du 2e volet se déroule à l’Aquaboulevard.
Au final, ce film d’horreur est politiquement poseur, les films de genre le sont souvent, du moins, la lecture politique existe souvent en sous-texte, mais là elle est au premier plan, exposée sans la moindre subtilité, qu’on ne voit plus que ça, enfin moi, je n’ai vu que les intentions de Gens. Sous la Seine, concentre les obsessions de l’époque et remplace des anciens clichés par des nouveaux sans que cela n’amuse ou serve sa cause.
Le pire étant que le film serait le plagiat d’un projet d’un certain Vincent Dietschy qui a attaqué Netflix, le jugement doit tomber le 3 juillet. Bref, sincère mépris aux bots de Netflix qui collent 9 à cette déjection de cétacé.
C’est un peu triste pour Alexandre Aja, j’ai pas pu m’empêcher de penser à cet honnête réalisateur de série B, qui dans le genre avait fait bien mieux avec Crawl, inexplicablement taillé en pièces par des gens qui ne voient pas le ridicule abrasif de Sous la seine, doté d'un budget colossal et qui a le toupet de se donner des grands airs de film à message ("attention, si tu te moques du dérèglement climatique, le dérèglement climatique se moquera de toi !").
Si Gens veut vraiment sauver la planète qu’il montre l’exemple et ne produise plus des dvd de The Divide & Hitman dont le plastique et le contenu polluent les océans et nos cerveaux.
J’ai peur pour le 5 juin 2036.
*Oui, j’écris aussi pour les usagés de X.
Créée
le 29 juin 2024
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