C'est un drame ordinaire et touchant. Touchant comme l'amour conjugal qu'exprime Marie, touchant comme le désemparement et l'angoisse palpables que Charlotte Rampling nous fait ressentir lorsque Marie n'aperçoit plus son mari se baignant dans l'Atlantique.
La subite solitude de Marie initie un drame psychologique sombre et austère qui permet de mesurer, si besoin, le talent de la comédienne, autant que celui de François Ozon, confirmé depuis, dans la direction d'actrices. La composition douloureuse de Charlotte Rampling est au centre du film
Cependant, on y est plus sensible lorsqu'elle relève de l'affectif plutôt que la psychologie. Car le sujet d'Ozon devient pour partie comme l'étude d'un cas, celui d'une femme ne pouvant faire son deuil, s'y refusant d'ailleurs. En dépit de l'évidence mais parce que
Jean n'a pas été retrouvé,
Marie continue de nier le décès probable de son époux, continue de croire à une absence momentanée. Marie balance entre lucidité et visions.
On trouvera dans le film d'Ozon des moments forts et poignants, une gravité justifiée; d'autres fois, cette immersion dans la morbidité ou bien certaines conventions de la mise en scène (Bruno Cremer, vite disparu,
réapparait dans les scènes imageant le subconscient de Marie)
donnent l'impression d'un exercice de style glacé et artificiel.