Ulrich Seidl, réalisateur autrichien ayant déjà fait ses preuves dans l'originalité documentaire avec sa trilogie Paradis, s'intéresse dans sa nouvelle œuvre à ses concitoyens en filmant au plus loin de leur intimité : leurs sous-sols.
Ce film nous présente une galerie de personnages étonnants qui livrent sans tabou face-caméra leur part cachée représentée par leur cave. Et la manière de les filmer est des plus étranges : un plan fixe la majorité du temps concentré sur nos personnages qui parlent d'eux-même et de leur plaisir ou leur violon d'Ingres pas toujours orthodoxes. En ce qui concerne le montage, celui a été bien travaillé pour obtenir une alternance entre scènes longues provoquant le malaise et un certain humour vif. De surcroît, le découpage du film fait qu'il devient de plus en plus perturbant comme l'instant où l'on suit innocemment un musicien qui nous entraine vers sa salle entièrement consacrée au Troisième Reich.
Les plans sont d'une construction symétrique qui suscite de notre part à la fois le rire et l'inquiétude voire parfois, le dégoût. Comme je l'ai dit les personnes à l'écran disent TOUT à l'écran avec une image à l'appui de leur perversion. Et c'est parfois douloureux.
En se mettant autant à nu ( d'un point de vu psychologique et physique), ces êtres nous paraissent difformes et pourtant on ne peut s'empêcher de les rapprocher des gens que l'on croise dans la rue. Leur difformité rejoint ainsi leur banalité.
À part aborder les sujets épineux de son pays comme l'immigration ou les vestiges du nazisme, le réalisateur cherche à s'adresser directement aux spectateurs. La symétrie peut s'expliquer par la volonté de Seidl de tendre un miroir vers nous : qui que l'on soit on a une double-identité : celle à l'extérieur et celle à l'intérieur à l'image d'un agent de sécurité sérieux qui, chez lui, se retrouve avec plaisir dominé et torturé par sa femme et fait le ménage nu avec pour unique ustensile sa propre langue.
Par ailleurs, le message de la femme sadomasochiste selon laquelle la Femme ne doit accepter la virilité masculine que dans le cadre du sexe et non d'autres violences domestiques est pertinent.
Compte tenu de tous ces éléments, il est dur de dire (pour moi en tous les cas) si j'ai adoré ou détesté tant ces deux avis se sont succédés au fil des confessions. Mais il faut admettre que l'intention du réalisateur est honorable et intéressant dans ce documentaire qui peut être perçu comme une expérience visuelle unique.