Southland Tales n'est pas simple à comprendre, il n'est pas non plus simple à regarder, mais il s'apprécie. Richard Kelly est, je pense (parce-que je ne le connais pas en vrai…) quelqu'un de très intelligent, il n'y a qu'à faire un tour sur son compte Twitter pour s'en rendre compte, ici il nous livre un film qu'il maîtrise parfaitement, certain lui reproche d'être un "fumiste" qui fait n'importe quoi, je pense juste que R.Kelly fait simplement ce qu'il aime, chaque détail du film est bien pensé, on sent que le réalisateur sait ce qu'il doit faire, que rien n'est là par hasard.
Finalement, on peut voir en ce film un critique de la société, entre les scientifiques qui détruisent la Terre pour "l'évolution", les politiques prêt à tout pour gagner quelques votes et les hommes capables de donner leurs mains pour un peu plus de pouvoir. Un regard sur (les dérives de) la jeunesse, de plus en plus ouverte avec la sexualité, à la pornographie, aux télé-réalités abrutissantes et aux talk-shows américains. Le film se montre comme une satire du monde actuel, Richard Kelly voit l'avenir, ses dénonciations n'ont jamais été plus d'actualité qu'aujourd'hui et on est en 2016 alors qu'il n'est sortie qu'en 2007, ce n'est pas un film fumiste, il suffit d'un visionnage pour voir que le comique et la satire mise en avant n'est que le reflet du monde que l'on connait aujourd'hui.
Comme dans (le chef-d'œuvre ultime) Donnie Darko et plus tard dans The Box (beaucoup moins maîtrisé à cause de sa fin selon moi), on retrouve globalement les mêmes thèmes, l'adolescence, la religion, le voyage dans le temps, la mort, l'amnésie, la paix, la guerre, le destin, la philosophie, le rêve etc…
Richard Kelly explique finalement son film d'une manière assez simple :
"Je crois que le message c’est qu’il faut affronter ses propres démons intérieurs. Je crois que tout être humain lutte, tous les jours, en se regardant dans la glace, contre lui-même, contre ses propres dysfonctionnements. Et les dysfonctionnements d’un être peuvent s’appliquer à une communauté, et peut-être même à toute une nation. Je ne veux pas avoir l’air d’être « New-Age », ou d’un gourou de l’estime de soi, mais tout part de l’individu, de soi-même. Je pense que si l’on essaie de tout ramener à un seul concept, c’est celui-ci. C’est pourquoi le film se conclu simplement sur l’idée du pardon. Du pardon de soi. Et sur l’amitié. Sur le fait de pardonner à un ami une faute qu’il ne voulait pas commettre. Une faute certes tragique, mais non intentionnelle."
Richard Kelly pose et continuera de poser son empreinte sur le cinéma, refusant de se cataloguer aux concepts de base d'Hollywood, il créait son propre style, c'est là, la marque des grands réalisateurs, j'ai vraiment hâte de voir ses prochains long-métrage.