J’ai continué mon cycle Takahata avec « Souvenirs goutte à goutte », c’est le film qui m’intriguait le plus dans la filmographie du réalisateur, ayant lu vaguement le pitch : d’une personne se remémorant des souvenirs d’enfance.
En fait, c’est bien plus que cela. En 1982, Taeko, 27 ans, une jeune femme célibataire, vivant et travaillant à Tokyo prend quelques jours de vacances à la campagne. En trajet et pendant ses vacances, elle se remémore son année de CM2, lorsqu’elle avait 12 ans. Son récit mélange deux époques.
Ce sont deux chroniques qui sont mises en parallèle, en fait Taeko repense à la jeune fille qu’elle était : son caractère capricieux, la découverte de l’amour et des règles, ainsi que son affection pour la campagne. Elle se demande elle même pourquoi elle repense à cette année précise de son existence qui n’avait pourtant rien d’extraordinaire… peut être que si en fait mine de rien, car les souvenirs qui lui réapparaissent la font réfléchir sur la jeune femme qu’elle est devenue.
C’est un film qui fait pas mal réfléchir sur l’existence et la façon dont en tant qu’adulte nous traitons les souvenirs. C’est une œuvre extrêmement nostalgique et l’impact que laisse ces images, ces scènes restées dans notre cerveau et qui reviennent comme nous hanter, se superposer à notre présent. C’est certes traité en animation mais ce pourrait parfaitement être un film live (d’ailleurs les expressions faciales sont basés sur des actrices et acteurs et les décors sont repris de décors réels). C’est un film parfois dur comme peut être l’enfance : l’ambiance familiale tendue, le regard des adultes envers nous, et à l’école, la dureté de nos camarades envers nous.
Taeko était une jeune fille comme les autres et elle est une jeune femme comme les autres.
Taeko se pourrait être n'importe quelle jeune femme.
Par ailleurs, le fait que le film dure près de deux heures lui permet d’expérimenter, ainsi on assiste à une longue scène en voiture où Taeko et un jeune agriculteur discutent : je crois avoir jamais vu une scène aussi longue dans un film d’animation.
« Souvenirs goutte à goutte » m’a fait réfléchir sur ce qu’il reste de ma jeunesse et l’impact que celle-ci peu avoir encore dans ma vie d’adulte. Surtout la fin, vraiment émouvante, dont je ne vais rien dire mais j’ai lâché quelques larmes au bout de ces deux heures.
La musique est vraiment très belle et il y a quelques belles chansons aussi.
Je trouve que le film s’inscrit dans des chroniques que sont par exemple « Nos meilleures années » (qui se déroule également (notamment) en 1966 et 1982) et « Valse avec Bachir » pour le traitement du souvenir. Il y a un côté féministe et optimiste qui m’a fait penser à « Kiki, la petite sorcière ». Le doublage belge est très bien : la voix de Taeko adulte colle fort bien.