Taeko, l’héroïne de Souvenirs gouttes à gouttes, garde en elle son enfant passé et toute sa mémoire, et elle en est bien chanceuse… Nous, après un film, nous sommes obligés de passer à autre chose, de quitter tous ces personnages que l’on a appris à connaître pendant ces quelques moments et de les laisser retourner à l’inexistence.
Voilà un peu mon état d’esprit lorsque le générique de fin s’est lancé !
Souvenirs goutte à goutte, c’est l’histoire d’une jeune femme de 27 ans pleine de vie, qui possède un attrait particulier pour la campagne et qui va donc s’y rendre lors de vacances. Elle est aussi dans une période de questionnement sur sa vie, et en conséquence se fait accompagner de ses souvenirs d’enfance, l’année de CM2.
Le réalisateur Isao Takahata nous montre donc d’anciens éclats de vie, qui sont tout simples et beaux. Et pas seulement grâce aux couleurs pastel et l’atmosphère particulière de l’image. Non, c’est aussi la plongée dans l’enfance, mignonne mais pas niaise, et attendrissante. Peut-être que ça peut être ressenti comme naïf, car il n’y a vraiment pas de graves problèmes. Mais c’est une fenêtre sur l’innocence fondamentale de l’enfant qu’on entrouvre, tout comme sur les étapes l’enfance qui forge la personnalité, pas sur les terribles difficultés de la vie.
L’autre partie du film, se passe donc à la campagne. Là aussi c’est simple et beau. C’est d’ailleurs l’immense force du film, qui arrive à faire croire à tous ces moments de vie. Par exemple lorsque Taeko se fait récupérer par Toshio à son arrivée à la campagne. Ils ne se connaissent pas vraiment, et le trajet en voiture est donc l’occasion pour eux de discuter. C’est rythmé, mais il y a aussi des blancs, des sujets pas forcément intéressant (la pluie et le beau temps ma ptite dame !), d’autres plus… Mais c’est authentique et crédible, et donc touchant.
Enfin, dans cette partie Takahata développe une ode à la vie naturelle, plongée dans le travail agricole, où la nature et l’homme ont trouvé un accord bénéfique. Vie qui n’est pas dénuée de problèmes (crise agricole, conditions de vie difficiles, pauvreté…) mais qui est plus réelle qu’un travail à Tokyo, qui souvent ne « passionne pas ». Parfois ça peut sembler un peu idéalisé : malgré leurs problèmes, les paysans ont toujours le sourire aux lèvres, mais ça reste dans le ton du film, et du ressenti de Taeko.
C’était un film proposé par Kaz1989 dans le cadre du partage de film d’avril 2016 de MoonLucide, et donc je l’en remercie !