Combien de titres et de bandes annonces accrocheuses trompent sciemment leur public ? Ce n’est pas le cas de Soyez sympas, rembobinez, c'est réellement un film "sympatoche". Les deux héros, les chanteurs Jack Black (Jerry, le gros allumé) et Mos Def (Mike, le black mince et sérieux), jouent parfaitement leur duo de potes.
Le scénario de Michel Gondry pèche sur le premier tiers. Pourquoi s’acharne-t-il à vouloir proposer une explication rationnelle à la destruction des bandes magnétiques ? Il est contraint d’attribuer à Jerry un rôle d’hurluberlu combattant les émissions électromagnétiques d’une centrale électrique, usine qu’il accuse de tous les maux. Admettons, (très) fortement électrisé, Jerry efface les cassettes vidéo… et oubliera définitivement sa phobie initiale.
La suite est plus convaincante. Quoique… difficile de croire à la terreur provoquée par la (trop) délicieuse cliente, jouée par Mia Farrow. Une peur qui les forcerait à tourner dans l’urgence une nouvelle version de la cassette qu’elle a louée la veille. Ainsi, ils ne disposent que de douze heures pour réaliser une copie de Ghost. Admettons encore.
La fin est jubilatoire. Michel Gondry vient d’imaginer le film suédé. Combien d’artistes ont-ils connu, de leur vivant, la gloire de lancer une école ? Peu. Un film suédé, c’est la reproduction d’une œuvre culte réalisée avec les moyens du bord, la folie est assumée. Le succès dépasse les attentes de notre duo. Est-ce seulement une copie ? Ou déjà une re-création ? Quand Hollywood surexploite les franchises, les remakes ou les reboots… l’innovation créatrice ne se réfugie-t-elle pas chez les amateurs, fans et fantaisistes réunis ?
Juin 2018