S'il existait un prix du cinéaste le plus sulfureux de ce début du XXIe siècle, l'Autrichien Ulrich Seidl (même nationalité que Haneke et Hausner, qui n'ont pas peur non plus de la provocation) serait à coup sûr un candidat crédible. Rien n'oblige évidemment à regarder ses œuvres, qui suscitent assez souvent le malaise, mais il s'agit d'un réalisateur qui témoigne d'un grand savoir-faire, quand il ne se laisse pas entraîner dans les bas-fonds du sordide. Sparta, qui compose une sorte de diptyque avec Rimini, avait tout du sujet glauque, autour d'un pédophile que l'on suit dans son approche de jeunes garçons dont il est un prédateur probable. Sauf que cette fois-ci, Seidl semble s'être interdit d'aller trop loin , ce qui ne lui ressemble guère, même si son portrait d'un homme au bord de l'atroce (voir sur pratiquement le même sujet Creaturas de Carlos Vermut, bien plus troublant et passionnant), par une sorte de bienveillance, suscite évidemment une incommodité certaine. Quant aux parents des enfants, au fin fond de la Roumanie, le moins que l'on puisse dire est que le cinéaste n'hésite pas en faire de véritables monstres, eux. Toujours est-il qu'il s'agit d'un des films les plus fades d'Ulrich Seidl, affligé notamment d'un montage erratique. Qui laisse un sentiment bizarre d'inachevé, tout en se réjouissant quand même que le film soit moins radical que prévu, sur un sujet pareil.