Depuis la série, l’histoire est désormais bien connue. Un esclave forcé de s’entraîner en tant que gladiateur se soulève avec ses compagnons d’armes contre son maître. Il rassemble ensuite tous les esclaves des environs et devient le fer de lance de la liberté et de la révolte contre l’oppression romaine. Gladiateurs, esclaves, femmes et enfants accourent pour rejoindre ses rangs. Fort d’une véritable armée, il remporte plusieurs victoires jusqu’à faire trembler Rome elle-même, avant d’être finalement vaincu en se dirigeant à la capitale du tout puissant Empire.
Spartacus est le sujet malgré lui de luttes de pouvoir. Le général Crassus manœuvre pour grimper les échelons, s’imposer comme l’unique sauveur et prendre les rênes du pouvoir afin de restaurer la grandeur de Rome, qu’il juge corrompu, un préambule à la future dictature qui adviendra. Il s’oppose à Gracchus, sénateur influent proche de la plèbe (le peuple), où à ses côté le soutient un Jules César encore jeune. Il est intéressant de noter que autant Crassus est impitoyable mais intègre, autant Gracchus est débauché, retors mais doué de compassion.
Naturellement, raconter l’histoire de ce meneur héroïque en un film obligeait à raccourcir certains passages et en occulter d’autres. Après si le film est soucieux de la véracité historique je ne saurais juger. Kubrick parvient néanmoins à conserver l’intensité du récit sans donner l’impression de sauter les étapes.
Si j’ai apprécié la série, j’apprécie tout aussi bien de découvrir cette histoire avec des décors naturels grandioses, sans débauche sanglante ou sexuelle. Il est vraiment agréable de visionner un film maîtrisé de bout en bout par un réalisateur talentueux. Le film dure 3h et pourtant je ne me suis pas ennuyé. Les décors, la musique, le charisme des acteurs, les combats bien orchestrés, tout concourt à faire de « Spartacus »une grande fresque épique et humaine. Épique dans ses affrontements, dans cette progression harassante de cette immense troupe sur des kilomètres et des kilomètres, des plaines désertes aux montagnes enneigés. Romantique avec l’amour passionnel de Spartacus et de Varinia, poétique comme avec cette chanson d’un ancien esclave, poignant lorsque deux parents enterrent leur nouveau-né. Si Kirk Douglas ne brille pas spécialement par son jeu d’acteur, il s’impose sans peine grâce à son charisme et une véritable présence.
Par sa quête de liberté intemporelle, la lutte contre l’esclavage, les conflits de pouvoir au sein d’une civilisation sur le point de troquer la république contre la dictature, l’épopée de Spartacus (du moins telle qu’elle est racontée) résonne encore de nos jours, laquelle Kubrick a su parfaitement retranscrire.