Spartacus et Cassandra est un documentaire sous forme de journal intime de deux enfants Rroms qui vivent ce qu'aucun enfant ne devrait avoir à vivre et qui donnent au mot 'chance' une valeur presque misérable. Spartacus et Cassandra sont deux enfants qui n'ont pas eu d'enfance, à qui il n'a pas été permis de rêver mais simplement d'espérer un toit et de quoi survivre. Spartacus et Cassandra c'est l'opposition entre un passé, une famille noyée qui ne s'en sortira sûrement pas et la décision d'un avenir différent sans parents. « La seule solution pour que je puisse vivre sans mes parents, c’est que mes parents puissent vivre sans moi ». Ce sont les mots troublants d'une enfant de 10 ans devenue quelque part parent de ses propres parents. Spartacus et Cassandra c'est également l'histoire d'une jeune femme de 21 ans qui donne un peu d'humanité à ces destins fragiles, une jeune femme chamboulée mais jamais dépassée, une femme dont le courage et la ténacité sont une raclée pour la plupart d'entre nous. Spartacus et Cassandra c'est aussi l'œuvre presque poétique d'un réalisateur qui a su magiquement filmer le tragique, rester témoin, ne jamais sombrer dans aucun cliché et nous faire vivre une réalité sociale sans ornements, sans frivolités, sans sentimentalisme, sans revendication politique, et c'est là toute la beauté de ce documentaire presque conte, marquer les esprits en filmant le réel. Car Ioanis Nueget filme bien. Il laisse à ce documentaire une patte artistique fascinante, en laissant place parfois à de sublimes accélérés et autres enchaînements d'images presque oniriques. Troublant témoignage, Spartacus et Cassandra parle de tout, de la misère, de la famille, du destin, des rencontres, de deux vies pas ordinaires. Une épopée semée d'embûches brillamment filmée.