Avec 𝑆𝑝𝑒𝑎𝑘 𝑁𝑜 𝐸𝑣𝑖𝑙, James Watkins tente de réinvestir les codes du thriller psychologique. Pourtant, à l’image de l’original danois de 2022, un film que je n’avais déjà pas apprécié, ce remake s’égare dans une intrigue inutilement alambiquée, essayant de tout dire sans jamais approfondir ses idées. Là où le film danois, malgré ses défauts, misait sur une certaine simplicité narrative, mais était plombé par un rythme laborieux et des personnages d’une bêtise abyssale, Watkins tente ici d’y injecter des thèmes comme la masculinité toxique, les conflits de classe et les tensions conjugales. Mais au lieu d’enrichir le propos, cette surenchère thématique finit par noyer l'intrigue dans un discours brouillon et mal maîtrisé.
Le film est un exemple classique d’un projet qui cherche à accumuler des enjeux sans leur donner la profondeur nécessaire. La dynamique entre les personnages est sacrifiée au profit de scènes sans âme, manquant cruellement de tension. Là où l’on attendrait une montée progressive de l’intensité, les événements se succèdent de manière mécanique, par à-coups, sans jamais atteindre une véritable apogée dramatique. L’absence d’escalade narrative laisse chaque confrontation dénuée d’impact, transformant le film en une suite de moments déconnectés.
Visuellement, la réalisation est fonctionnelle et sans relief. Watkins filme ce qu’il doit filmer, sans jamais insuffler d’émotion ou de style. Là où certaines scènes pourraient être marquantes dans un thriller digne de ce nom, ici, tout reste plat et dépourvu de personnalité. Il n’y a ni souffle, ni ambition esthétique. Chaque plan semble exécuter un cahier des charges, sans véritable intention artistique. La mise en scène est certes correcte, mais elle manque cruellement d'âme et d'inventivité.
Quant aux performances des acteurs, elles peinent à relever le niveau. James McAvoy, en fait ici des tonnes, au point que son personnage frôle le cartoon. Mackenzie Davis, elle, semble opter pour une approche surjouée, flirtant avec le ridicule, tandis que Scoot McNairy erre sans direction apparente, comme s’il ne savait jamais quoi faire de son rôle. L’absence de cohérence dans l'interprétation laisse l’impression que chaque acteur joue dans un film différent, sans véritable synergie entre eux.
Et puis il y a cette fin, d’une bêtise affligeante. Là où l’original danois, malgré ses faiblesses, osait une conclusion radicale et dérangeante, ce remake s’égare dans une séquence de home invasion hors de propos. Cette conclusion grotesque ne fait qu’accentuer l’incapacité du film à maintenir une ligne narrative claire.
En somme, 𝑆𝑝𝑒𝑎𝑘 𝑁𝑜 𝐸𝑣𝑖𝑙 est un thriller qui se perd dans ses ambitions mal dirigées. Au lieu de proposer une œuvre tendue et immersive, il finit par sombrer dans un récit confus, des thèmes mal exploités, et une réalisation sans éclat. Un film qui, malgré échoue à captiver ou à marquer durablement.