Adaptation d'une vieille série animée japonaise made in Tatsunoko, elle-même adaptation télévisuelle d'un shōnen de Tatsuo Yoshida, Speed Racer est avant tout un parti-pris visuel radical voire violent pour les yeux, porté par de vrais acteurs entourés d'environnements en cgi cartoonesques. Le tout est filmé comme un gigantesque clip acidulé qui essaierait de ressembler à un jeu vidéo kawaii. A l'heure des cross-over en tous genres, le mieux est d'imaginer le rollercoaster des Wachowskis comme une sorte de WipeOut x Tony Scott x Ibara Pink Sweets. Pour la faire courte, un bon gros délire pop kitsch repiquant nombre d'idées aux jeux vidéo – telles que le fameux ghost mode, un classique du jeu de courses, ou encore les différentes armes et gadgets, à la Rock'n'Roll Racing / WipEout / Super Mario Kart / Rayez la mention inutile.


J'avais un à-priori à la noix, genre je pourrais pas apprécier le film parce que c'est du vomi d'images de synthèse. Alors sur ce point j'avais bon, c'est un peu du vomi d'images de synthèse quand même, mais en fait je ne vois pas comment les frères (si si c'était encore le cas à l'époque) auraient pu adapter aussi fidèlement un manga aussi fou. Et ils y sont parvenus les bougres. Ca m'arrache la gueule de le dire parce que le veau de ce midi a bien failli se faire la malle à plus d'une reprise par le mauvais orifice mais bordel, c'est de la folie furieuse, et sans retenue ! Je pense - que dis-je, j'espère  ! - qu'ils sont allés au bout de leur délire, ce sera au moins un truc qu'on ne pourra leur reprocher. Et puis pour épauler tout ce capharnaüm maîtrisé, un Michael Giacchino audiblement gonflé à la kétamine nous pond une partoche supra énervée, renforcée par entres autres un petit Free Bird (je crois, je sais plus, j'étais en PLS, laissez-moi tranquille) comme si le déluge de couleurs et de plans ne suffisait pas à nous retourner le cerveau. Autrement, pas de grosse surprise au niveau de l'histoire, j'imagine que les scénaristes ont eu accès à un screening de démo et ont probablement fait une crise d'épilepsie ou d'angoisse à l'idée de devoir donner un but à tout ce foutoir. Du coup, on aura juste droit à un méchant capitaliste, une tentative de twist vers le milieu et une autre vers la fin – qui a lamentablement échoué dans mon cas, je l'ai cramé à des kilomètres - mais c'est pas grave. De nombreuses libertés scénaristiques ont visiblement été prises, en ce qui concerne le sort du grand Rex, le frère, par exemple, pour ne citer que lui.


La première fois que la caméra est braquée sur Matthew Fox, bien déguisé pour l'occasion, je me suis tout de même demandé s'il allait lâcher un «we have to go back». Charismatique et à fond dans le personnage, il surprend (quoiqu'il m'avait déjà épaté dans le pourtant très moyen Alex Cross), c'est un peu Racer X sur le gâteau. Sinon, le héros s'appelle Speed Racer, paye ton blase de brun (Go Mifune dans le manga pour rappel, en l'honneur de l'immense acteur, autrement plus classe comme nom) et il est aussi rapide que l'AVC qui pend déjà au nez du spectateur, dans son bolide baptisé...Mach First...Mach 6...Best Of, bref, je sais plus.


En tout cas, j'avais des doutes quant au choix d'Emile Hirsch même s'il est plutôt ressemblant au personnage de l'univers Tatsunoko (la boite derrière Casshan, Gatchaman, de la prod / co-production d'anime comme Macross / Robotech ou encore Evangelion), il est un peu fade en comparaison du reste, mais slick, avec son casque et son costume blanc. John Goodman et Susan Sarandon se sont retrouvés embarqués dans le projet et on sait pas bien comment ni pourquoi, mais on ne s'en plaindra pas pour autant. Rain, star de la chanson en Asie, danseur, une sorte de M.Pokorea, mais avec du charisme. Il donnait notamment la réplique à Lim Soo-Jung dans le déglingué Je suis un cyborg du grand Park Chan-Wook. On notera aussi un mécano ayant des airs à Christophe Maé (c'est le cas hein, c'est pas moi qui yoyote ?). Christina Ricci, quant à elle, prouve qu'avec n'importe quelle coiffure elle parvient à garder un sex appeal indécent. Franchement, une paire de fois, j'ai remercié les fabricants de jeans modernes car si ces derniers étaient composés d'un peu plus d'élasthane, j'aurais sûrement loupé les scènes suivantes pour cause de vision obstruée. Son minois me rend minable. Dans ce genre de cas, on devrait carrément parler de minoible, tiens !


Le film étant en gestation depuis une bonne quinzaine d'années au moment de sa sortie, sachez que l'un des premiers prétendants au rôle de Racer X aurait été un certain Nicolas Cage (que l'on verra s'amuser avec d'autres tutures dans le médiocre 60 Secondes Chrono quelques années plus tard). Avant de devenir Neo, Keanu Reeves refusera également le rôle. Et en lieu et place de la démesure des Wacho (Minute Soupe), le script serait passé entre les mains d'un certain Alfonso Cuarón à la fin des 90's. J'imagine que lorsqu'il a vu la complexité des cascades automobiles et le côté surréaliste de l'ensemble, il a dû renoncer. C'est clair que 2h15 de courses mises en boite en 1 seul plan séquence (truqué, of course) auraient sans doute laissé des traces, non sans gravité...


Vous l'aurez compris, Speed Racer est un trip sans concessions dans sa réalisation, et il est facile de le détester. Je lui trouve pourtant un charme difficilement explicable, et je ne peux m'empêcher de saluer la générosité des Wachowskis, leur course à la fidélité quasi maladive – jusqu'à de menus détails sur les voitures – et à l'adaptation parfaite, laissant transpirer une véritable passion. Plus que jamais, Lana aura bien fait de ne pas sortir sans sa rou(ss)e de secours !

Gothic
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le 25 janv. 2017

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