Il faut bien convenir que les premières aventures « solo » de Spider-Man, sous le pavillon de Homecoming, étaient prometteuses : car en parvenant à se faire une place non négligeable dans le microcosme cosmique du MCU, le rookie Peter Parker s’affranchissait de son mieux de son mentor de luxe au profit d’un divertissement des plus probants. Mais à mesure que l’univers des Avengers et consorts progressait, sous la houlette d’un Thanos de plus en plus prépondérant, ne risquait-on pas de découvrir un Far From Home proprement phagocyté ?


Une crainte se vérifiant aisément à l’aune d’un Tony Stark encore plus présent, chose sur le papier paradoxale au regard de son absence physique. Mais le fait est que le présent long-métrage transpire l’influence des récents évènements d’Endgame : un état de fait peu surprenant, mais en tous points révélateurs des affres affligeant chacune des composantes du MCU sitôt dissociées du troupeau. Comprenons donc bien que la perspective d’échapper, ne serait-ce qu’un peu, au formatage de cette machinerie titanesque sera de plus en plus difficile, Far From Home constituant tout au plus un épisode transitif spécial Saint-Valentin au sein de la plus télévisuelle des franchises cinématographiques.


Certes la filiation touchante liant les deux super-héros se justifie de bout en bout, aussi pourrions-nous faire abstraction de cette « parenté » un instant... mais Far From Home traîne d’autres casseroles, pour sûr : d’une pauvreté presque générique, tant dans la forme que le fond, cet énième blockbuster à la sauce Disney se contente deux heures durant du strict minimum à tous les niveaux. Dans la droite lignée d’une redite à la « Mandarin », l’antagoniste qu’est Mysterio peine à convaincre malgré la prestation volontaire de Jake Gyllenhaal, la faute à des motivations fumeuses et des coups de sang sabordant finalement nos espoir.


Au cœur de l’intrigue, les tourments sentimentaux de Peter Parker rythment en grande partie un fil rouge artificiel, lui-même suspendu au bon vouloir d’un voyage scolaire des plus accommodants : les péripéties sont alors des plus anecdotiques, notamment ses « joutes » l’opposant à Brad qui alimentent à loisir ses allures de chapitre dispensable. Reste la bonhommie de l’attachant Tom Holland, bien épaulé par Zendaya, et une poignée de gags efficaces faisant de Far From Home une simple étape de plus dans l’avancée inexorable du MCU (où va-t-il, cela est une autre question) : la lassitude nous gagnant, on en vient à sourciller à grand-peine lorsque l’iconique J.J. Jameson pointe le bout de son nez, c’est dire !


Hormis une ou deux séquences visuellement immersives (où Mysterio brouille nos sens à tous avec une certaine maestria), il n’y a donc que peu de choses à se mettre ici sous la dent, Far From Home s’enlisant dans le moule sans (presque) jamais s’acquitter du minimum vital : proposer. Oscillant entre indifférence et amertume, et ayant eu l’occasion d’y repenser à de maintes reprises, le verdict est donc sans appel : cela n’augure décidément rien de bon quant au futur du MCU, quitte à carrément exacerber des limites de longue date... « Nick Fury » ici présent le rappelant à notre bon souvenir.

NiERONiMO
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le 16 août 2019

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