Curieux cas que celui de Spider-Man, incarné par trois visages en moins de vingt ans : le ratio est impressionnant, et pose forcément question quant à la légitimité de ses reboots, non sans illustrer à merveille ses enjeux de production.
Faisant suite aux échecs du dyptique The Amazing, les tentatives de rapprochement entre Sony et Marvel Entertainment aboutir finalement pour donner naissance à ce troisième essai, dont la particularité toute indiquée tient naturellement de sa place au sein du MCU : une bonne façon d'y entrevoir un intérêt renouvelé, quand bien même l'opération ferait redite vis-à-vis de ses prédécesseurs.
Justement, ce Spider-Man: Homecoming ne tient pas du refrain redondant : mieux encore, celui-ci s'inscrit avec un certain doigté au sein du microcosme embouteillé des Avengers, laissant de la sorte miroiter son potentiel de nouveau fer de lance de la franchise. Le rajeunissement apporté par Tom Holland, en l'état des plus efficaces, n'y est pas pour rien au gré d'un humour probant et d'une personnalité juvénile se démarquant de ses aînés : un genre d'Andrew Garfield en moins arrogant en somme, dont l'assurance moindre s'attache rapidement notre sympathie.
Nous pouvions toutefois craindre que Tony Stark ne prenne excessivement pied sur le devant de la scène, Homecoming se voyant de fait tiraillé entre une multitude de connexion scénaristiques et un versant plus indépendant, propre à l'Homme-Araignée : le long-métrage s'affranchissant du sempiternel origin story, il parvient en réalité à jongler avec brio entre les différents ressorts de son pesant cahier des charge, au point d'expédier sans anicroches la naissance du Vautour tout en faisant d'Iron Man un renfort de choix.
Le pont érigé entre ce récit et Civil War est d'ailleurs marquant, la brève narration "footage" accouchant d'emblée de séquences drôles comme brillantes d'inventivité : le ton de Homecoming ne fait alors guère de doute, et la suite nous donnera raison avec son atmosphère (globalement) bon enfant. Un premier regret pourrait néanmoins être formulé à l'égard de sa propension dramatique, ici aux abonnés absents, affectant par voie de conséquence l'immersion : si l'on prend de bout en bout plaisir au visionnage, il manque malgré tout à ce Spider-Man un semblant d'envergure, le danger n'étant jamais, ô grand jamais, grisant (les nombreux gadgets n'y sont pas indifférents).
De l'impression de déjà-vu lors du semi "naufrage" du ferry, aux aspirations creuses du Vautour, tout n'est ainsi pas parfait : en sa qualité de vilain, un rôle nullement anodin dans la réussite d'une œuvre de super-héros, ce dernier met parfaitement en exergue les forces et faiblesses d'une intrigue plaisante, mais pas aboutie. Je pense entre autre à ses motivations relativement creuses, la justification de la pérennité familiale ne prenant pas, alors que cette même composante paternelle va accoucher d'un rebondissement ironiquement savoureux (le face à face, si l'on peut le considérer comme tel, s'ensuivant en voiture en est la pièce maîtresse).
Dans une toute autre veine, la nomination du méconnu Jon Watts tend à mettre en relief une identité formelle peu significative : si Civil War avait bien préparé le terrain, le risque pour ce Spider-Man d'échouer à l'aune de ses alter-ego (y compris Maguire et Garfield) était bien réel, d'où une réalisation relativement lisse bien que correcte. L'étiquette blockbuster est de fait palpable, la mise en scène se voulant classique dans son ensemble (hormis les plans "footage") ; il ne s'agit cependant pas de cracher dans la soupe, le natif du Colorado s'en tirant plutôt bien, tandis que Michael Giacchino signe une BO peu mémorable mais servant au mieux le ton fun du long-métrage.
In fine, il convient de reconnaître que ce Spider-Man troisième du nom a pleinement remporté son pari, celui-ci s'ébattant telle une araignée sur sa toile aux abords du MCU, tout en opérant un virage réussi en comparaison de ses prédécesseurs : propice à un divertissement définitivement convaincant, si ce n'est réjouissant, son intitulé "Homecoming" aura en tout cas pris tout son sens avec son retour sous le giron de Marvel, de quoi laisser penser que Tom Holland réitèrera de belles performances à l'avenir.
Entre un Keaton excellent et une surprise finale probablement plus MaJeure qu'il n'y paraît, ce Spider-Man débute donc sur les chapeaux de roues.