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Fruit de la collaboration amicale et commerciale entre Marvel Studios et Sony, Spider-Man : Homecoming, second reboot de la franchise, est un divertissement Marvel, une comédie d'action qui n'oublie pas de porter une attention particulière à la vie lycéenne de notre cher Peter Parker. Fait surprenant, le métrage ne tente pas de reproduire la stratégie Star Wars VII. Au contraire, on sent réellement l'envie de s'émanciper des anciens films (en particuliers ceux de Raimi) afin de proposer un spectacle totalement différent. Exit les Osborn et la Mary Jane, place à de tous nouveaux personnages, protagonistes comme antagonistes. Fait amusant, le Spider-Man 4 avorté de Raimi devait aussi introduire Adrian Toomes, plus connu sous le nom de Vulture. Incarné par un Michael Keaton en forme, le nouveau méchant de l'écurie Marvel confirme que les studios apprennent de leurs erreurs. Non, Vulture n'est pas un énième vilain gaspillé de plus. Tout comme Guardians of the Galaxy VOL. 2 avait réussi à introduire un méchant particulièrement intéressant, Spider-Man : Homecoming y arrive tout aussi bien. Ainsi, la scène d'introduction lui est entièrement dédiée, une manière de forte de montrer que Marvel Studios a compris que les super vilains ne sont pas seulement des moyens de faire évoluer les super héros, mais bien des personnages à part entière.
Il est aussi très sympathique de voir que le métrage arrive à doser justement l'humour et à l'articuler logiquement autour des différents événements. De là à appeler Homecoming une comédie, il n'y a qu'un pas. C'est le premier Spider-Man à développer à ce point l'aspect comique (qui est partie essentielle du personnage dans son matériau d'origine, les comics), et c'est aussi l'un des premiers Marvel Studios à en avoir un réussi. On dit avec plaisir au revoir aux multiples calembours pas drôles entre deux scènes d'action que possède la majorité des films Marvel, et on accueille avec plaisir un humour juste et plaisant.
Les deux heures passent à une vitesse folle grâce à un rythme parfait, et si le film ne reste pas forcément en tête, il procure un divertissement sans failles. Jon Watts maîtrise subtilement la double identité de Peter Parker. De même, si l'on pouvait craindre que Robert Downey Jr aka Iron Man / Tony Stark vole la vedette à notre cher tisseur, il n'en est rien. Homecoming est bien un film Spider-Man. Le métrage rappelle les écrits de Brian Michael Bendis (crédité au générique), scénariste de comics et créateur de la lignée Ultimate sur laquelle s'inspire la plupart des films Marvel Studios, et c'est tout à son honneur : les dialogues sont très bons, les situations comiques s'enchaînent tout en laissant place à l'action, et tout comme un arc de comics divisé en plusieurs numéros avec des twists en fin, Homecoming devient soudainement plus intelligent qu'il n'y paraissait grâce à un twist bienvenu et bien pensé.
Le métrage s'intéresse aussi à de nombreux personnages secondaires. On pourrait qualifier de "révolution" tant le traitement de Tante May est nouveau et étrange, mais finalement il est difficile de critiquer quelque chose qui fonctionne et qui veut justement s'éloigner de ce qui a été fait auparavant. Qui dit vie lycéenne dit amis & amours, et Jon Watts trouve une essence parfaite dans le personnage de Ned, brillamment interprété par Jacob Batalon et qui forme un formidable duo avec Peter. Tom Holland, qui succède à Tobey et Andrew Garfield, a du mal à trouver un jeu approprié notamment à cause du ton humoristique que dégage le film. S'il n'est pas mauvais acteur, il lui reste encore à faire ses preuves.
Là où le bât blesse, c'est au niveau de l'action. Si Jon Watts arrive à créer une superbe alchimie entre lycée et vie secrète, les séquences d'action sont, elles, totalement oubliables. Pire encore, l'illisibilité de certaines scènes coupe le rythme et place Homecoming dans la lignée des derniers blockbusters. Même la scène d'action finale n'arrive pas à impressionner, la faute à une absence totale d'enjeux et à un manque cruel de fluidité. Il faut aussi se résoudre à dire adieu au style de Raimi et à son génie vis-à-vis des scènes de voltige. Ainsi, le péché d'Homecoming et de celui des blockbusters récents par la même occasion est de s'atteler à livrer un divertissement spectaculaire sans se soucier réellement des enjeux. Si le grand twist ajoute un peu de pep's à l'aventure, il n'est pas suffisant (notamment à cause de la suite des événements) pour redresser la barre.
Spectacle enivrant, humour léché et divertissement assuré, Spider-Man : Homecoming prouve qu'une collaboration entre deux studios peut être fructueuse. Jon Watts arrive à distiller teen movie à blockbuster d'action, sans toutefois donner un vrai style au métrage. A défaut d'avoir des enjeux et des séquences d'action époustouflantes, le film se rattrape sur son méchant, ses nombreux clins d'œil à l'univers du tisseur de toiles, son ton global et son renouvellement de la franchise. Excelsior.