One More Day

Lorsque je voyais plus jeune la première trilogie j’étais ce gamin plein d’admiration pour ce personnage incarné par un Tobey Maguire plein de bonté et d’humanité. Du haut de mes 9 ans je me laissais emporter par ses swings d’une grâce majestueuse et d’une BO frissonnante.
Aujourd’hui la donne a changé et pour pas mal de gens de ma génération. Je ne peux plus regarder avec les mêmes yeux d’enfants cette nouvelle monture de l’homme araignée, pour la simple est bonne raison que j’ai grandi et que l’acteur est plus jeune que moi. Oui ça paraît con dit comme ça mais cela change toute la dynamique de perception d’un film et ajoutons à cela un réalisateur peu talentueux pour enfoncer le clou et le tour est joué. Quand je regarde cette trilogie « home » les rôles sont inversés entre moi et celui désormais qui incarne Spider-Man. Comme une sorte de mentor à travers mon écran n’arrêtant pas de reprendre le petit Tom Holland en plein apprentissage sur le métier de héros costumé, ainsi va la vie je présume.

J’ai arrêté d’aller voir un film du MCU en espérant que ça comblerait à la fois le fan de comics que je suis et le cinéphile, le plus souvent un seul sur deux qui fonctionne et encore. Cette nouvelle aventure du tisseur se prend vite les pattes dans la toile…oui comme dirait ce bon vieux rédacteur en chef Jonah Jameson.
No Way home pourrait aussi se traduire par No scenario at home, le film résonne comme un best of certes mais aussi terriblement creux par moment. Le début est poussif avec un enchaînement de scènes collés les unes sur les autres sans aucune folie, inventivité ou un tant soit peu intéressante dans la réalisation. En fait la seule chose intéressante du premier tiers c’est le nouveau statut de Peter désormais de notoriété publique et qui affecte le bon équilibre dans son entourage. Très vite malheureusement des décisions stupides et improbables sont prises par nos personnages, le pompon revient à Doctor Strange qui écoute un gamin de 17 ans en faisant une incantation dangereuse puis qui se fait malmener par ce même gamin sur son propre terrain plus tard mais bon dans l’une des scènes les plus réussis visuellement. On pardonne on pardonne pas ?



Le film ne s’embêtera pas en utilisant quelques raccourcis scénaristiques faciles pour faire avancer plus vite le scénario. Ned Leeds par exemple capable d’ouvrir des portails comme ça alors que bon faut de l’entraînement… bref. Niveau humour j’ai vu pire dans le MCU même si certaines scènes dramatiques bien amené sont désamorcées malheureusement par un humour catastrophique. Le retour des anciennes gloires du passé qui ne sont là que pour singer leurs vieilles répliques et propres personnages, heureusement certains s’en sortent mieux que d’autres. Alfred Molina toujours aussi imposant et Willem Dafoe qui même 20 ans après respecte toujours autant son personnage. Le Lézard et L’homme sable eux ne sont que des figurants sans aucun impact dans l’histoire. Tellement de personnages que le film manque de stabilité et s’éparpille trop avec ce surplus de personnages. Une écriture en totale roue libre sans réel fil rouge, un coup les antagonistes sont contre Spidey, puis avec Spidey, enfin de nouveau contre lui et ainsi de suite, tout ça juste par une ligne de dialogue qui fait basculer notre joyeuse parade des monstres du côté obscur ou vers la lumière. 
Fait important à souligner tout de même Tom Holland offre ici sa meilleure prestation du tisseur.



Si le film a parfois mais très rarement des élans de lucidité il reste maladroitement écrit avec un Jon Watts soporifique et paresseux au possible, un long-métrage qui tente d’en faire trop avec du (bon) fan service au détriment d’un scénario plus solide. Seulement voilà le film met tellement de cœur à l'ouvrage, un film qui veut tellement faire plaisir sur la forme qui l’en oublie le fond et ne trouve pas le bon dosage. Je ne pense pas revoir le film de sitôt mais je reverrai avec plaisir ce dernier tiers sur Youtube ou le rêve devient réalité avec de très chouette séquence de combats ( il y a du mieux en effet) et de voltige.



Cette trilogie est donc en fait un énorme teaser de la prochaine trilogie qui a toutes les cartes en mains pour être parfaite, faut juste virer le réalisateur pitié. Le souci des blockbuster à l’heure actuelle ( du moins pour certains) c’est que ce ne sont pas des films à part entière qui existe uniquement par eux-mêmes et c’est là déjà le gros du problème avec un univers connecté où il est difficile de s’affranchir. No Way Home n’a pas été fait dans un but artistique mais dans le but d’attirer l’attention avec des tonnes de références par-ci par-là. Kevin Feige l’a bien compris avec cette nouvelle génération où n’importe qui a envie d’attirer l’attention et cela passe par les réseaux sociaux où un tweet fera la tendance et sera l'événement de la semaine à l’instar du MCU où une scène, un élément/ personnage fera son apparition et soulèvera une salle. No Way Home ne repose et ne mise que sur ça oubliant que le coeur d’un film ce n’est pas uniquement une seule scène en question mais le film entier.


Maintenant vous me faites plaisir je veux voir un Spider Man qui galère, qui échoue, qui est dépassé, qui s’en prend plein la tronche. Je veux que le costume soit en lambeaux et surtout que le costume soit lourd à porter, qu’il devienne un fardeau et pas juste un amusement. Qu’il subisse mais qu’il finisse par se relever parce que c’est ça l’essence même et la force de ce personnage.