Spider-Man : No Way Home conclut ainsi le line up 2021 du MCU diversifié. Après cinq séries Disney + et trois films, si la quantité était là, force est de reconnaître que le schmilblick fait du surplace, surtout si l'on met de côté Les Eternels au vu de son cortège de nouveaux héros et son monde qui serait, pour le coup, presque autosuffisant.
Et ce n'est malheureusement pas ce No Way Home qui changera la donne.
La barre était sans doute placée trop haute pour Jon Watts et ses scénaristes au regard des promesses orgiaques en matière de crossover sous couvert de multiverse.
Oui, les méchants sont là. Et oui, il y a une réunion de famille. Sauf que l'ensemble tourne assez vite court, surtout avec une projection de deux heures trente au compteur. Pas que le film soit irrémédiablement désagréable à regarder, notez bien, mais pas mal de choses tombent à plat. Il n'y aura ainsi pour convaincre, niveau spectacle, qu'une assez bonne scène d'action, tout droit tirée de Doctor Strange. Avant qu'une tragédie ne vienne épicer le menu dans le cadre du vécu émotionnel de Peter Parker. Pour arriver enfin au royal rumble promis, plutôt agréable à regarder, mais qui ne suscite, au final, pas grand chose.
Par ailleurs, tous les travers que vous pouvez relever à longueur de critiques des habituels seront là, surtout cet humour parfois indigent qui envahit l'écran et provoquera en plus d'une occasion une certaine gêne. Il n'y a qu'à voir MJ lancer du pain sur un personnage afin de l'éprouver pour s'en convaincre...
Mais fait rare pour un Marvel : le film de groupe n'est pas aussi formidable qu'annoncé, alors que Captain America : Civil War, Avengers, Infinity War ou encore Les Eternels réussissaient toujours à trouver un équilibre. Il serait instructif de voir ce que les frères Russo auraient tiré d'un tel programme. Oups, j'oubliais : ils ont fait l'objet d'un édit décrétant qu'ils filmaient avec les pieds... Bête que je suis.
Le coup de moins bien de ce troisième Spider-Man tient sans doute, tout d'abord, à des enjeux assez tartinouilles, puisque Peter Parker se rêve comme un tout frais engagé du parti animaliste qui se pique de s'investir dans une SPA du super-vilain.
Mais le péché originel de No Way Home, à mon sens, est d'échouer au mariage et au mélange des univers convoqués. Ainsi, les personnages extérieurs au Marvel Cinematic Universe ne font que jouer les utilités de luxe pour, au passage, perdre singulièrement de leur aura. C'est particulièrement le cas de Sandman, du Green Goblin et du Docteur Octopus. La réunion familiale, quant à elle, fait tout simplement pschittt, tant l'humour et les apartés stériles plongent l'oeuvre dans le surplace.
Pire, le partage de l'écran met en relief une constatation meurtrière : les héros sont tous affligés du même trauma qui ne change que de figure, soulignant accidentellement le caractère interchangeable des différentes itérations d'un personnage une fois agrégé dans un MCU qui touche du doigt les limites de sa capacité d'assimilation, scène post générique compris.
La déception n'en sera que plus cruelle en comparaison des prouesses de fusion déployées par Bryan Singer pour valider son Days of Future Past au sein de la mythologie grand écran des X-Men.
Encore pire, sur un terrain identique, Spider-Man : No Way Home se montre à des années-lumière de Spider-Man New Generation en termes de fraîcheur, de malice, d'énergie et de spontanéité.
Devant de si cruelles comparaisons, le troisième Spider-Man tel que revenu dans le giron Marvel se révèle comme la déception de l'année pour son univers partagé. Multiplier les araignées et empiler des méchants rabotés de toute substance ne changera rien à l'affaire. Comme si la Maison des Idées ne savait plus où elle habite. Définitivement far from home en ce qui me concerne.
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