Force est de constater que Shyamalan a connu 2 périodes bien distinctes : l'avant et l'après The Village, bien que certains diront que sa période s'est terminée avant ou après ce long métrage . The Visit était en soi un renouement avec un matériau bien spécifique au réalisateur, une atmosphère qui lui était propre et des ingrédients nécessaires pour pondre une oeuvre de qualité, mais qui au final s'avéra être un produit bâtard, à la fois peu crédible et extrêmement décevant ... Jusqu'à l'annonce de ce fameux Split .
Le concept du film, se penchant sur les troubles de la personnalité multiple d'un individu en particulier, absorba ma curiosité au point de me questionner ... Serait-ce là le signe d'un scénario qui accorderait au réalisateur si autrefois talentueux, une chance de renaître de ses cendres ? Les bande annonces suscitèrent un vif engouement, et le film confirma que cette attente n'était finalement pas inutile : the unbreakable Shyamalan is motherfucking back !!
Cette atmosphère, cette ambiance, ce climat si particulier, nous sommes bel et bien en face d'un réalisateur rajeuni et transformé qui, grâce à un sixième sens aiguisé, impose sa patte parmi les autres sorties en les balayant d'un revers de la main et en hurlant d'une voix déterminée "I'm Here" . Certes, le film expose des défauts, qui sont à mes yeux d'une importance futile car malgré leur présence, le film n'en est pas handicapé . On pourrait entre autre citer le jeu des 2 actrices secondaires, ainsi qu'une certaine lenteur qui commence tout doucement à s'installer à partir du milieu du long métrage ( une lenteur qui n'est pas dérangeante pour autant car elle permet de se préparer au grand final ) .
La plus grande réussite et le phénomène du film reposent sur l'interprétation tout simplement magistrale de l'acteur britannique James McAvoy ... Une performance aussi remarquable et sensationnelle que difficile car afficher toute cette palette d'émotions et de personnalités tout en gardant cette cohérence et ce jeu d'acting aussi précis, peu d'acteurs en sont capables ! C'est d'ailleurs l'un des jeux les plus impressionnants qu'il m'ait été donné de voir depuis quelques années . Bien ficelé, le scénario reste diablement efficace du début à la fin et ne déçoit pas une seule seconde tout en réservant de belles petites surprises ! Musicalement parlant, le résultat convainc aisément, naviguant entre lourdeurs viscérales de cordes et mystérieuses harmonies . Je tiens d'ailleurs à préciser que la musique n'est pas de James-Newton Howard, compositeur avec qui le réalisateur a tout de même signé 8 collaborations .
Cela dit, on peut reconnaître le thème de Incassable signé Newton Howard à la toute fin, enchaînant sur l'apparition de Bruce Willis et confirmant le rapport entre les deux films
Nous avons donc ici un réalisateur qui, après être resté enfoui dans son village au fin fond de la brousse à enchaîner les mauvaises surprise, ressurgit tel un animal sauvage éclatant de vitalité et de bonnes intentions ! En plus de réussir son coup, Split rejoint aisément le podium des oeuvres les plus abouties du réalisateur . Un coup de maître dont seul Shyamalan a le secret, une visite aussi alléchante qu'angoissante dans les profondeurs du cerveau humain : une superbe réussite .