Patricia Mazuy, la réalisatrice de "Sport de filles" a déclaré : "Je n'aime pas beaucoup les chevaux". Malgré quelques longues scènes de dressage à cheval, il est certain que le monde équestre n'est qu'un décor dans lequel les canassons font de la figuration. En regardant l'affiche, simple mais très esthétique, il ne vous échappe pas que Marina Hands arbore un bandeau style pirate, qui est tout à fait dans la tonalité de ce film, un rien poil à gratter, comme je les aime.
A l'instar beaucoup de films, le point de départ est la rencontre de deux mondes opposés. Ici, une jeune femme pauvre, passionnée de cheval, arrive à se faire embaucher comme palefrenière dans un haras des plus chics, dirigé de main de fer par Joséphine de Silène (parfaite Josiane Balasko). N'ayant pas le droit de monter le moindre bourrin, notre héroïne, pugnace et effrontée, en dressera un en cachette dans le secret espoir de se faire remarquer par le compagnon de la propriétaire, ex grand écuyer et entraineur de renommée mondiale mais surtout macho humilié (Bruno Ganz).
Jusque là, rien de bien original, on voit bien où tout cela risque de nous mener vers une fin rose bonbon des plus convenues. Sauf que, cette fois-ci, il y a derrière la caméra une réalisatrice de tempérament. En plus des deux personnages féminins au caractère bien trempé cités plus haut, deux autres tout aussi teigneuses gravitent autour du seul mâle de l'histoire : sa richissime maîtresse vieillissante qui n'a qu'un désir, l'avoir dans son lit et dans son paddock en Californie (Amanda Harlech, muse de Karl Lagerfeld, pour le première fois à l'écran) et la fille de la propriétaire, compétitrice de talent, épargnée par la douceur, ( Isabel Karajan, oui, la fille de Herbert von ...).
Ce quatuor de femmes fortes et finalement insensibles veulent toutes s'accaparer le personnage de Bruno Ganz, transformé ici en objet du désir, fripé, usé, malmené.
En quelques plans, Patricia Mazuy, saisit la passion qui anime tout ce joli monde. Chacun est enfermé dans sa bulle, solitaire mais progressivement l'histoire va en isoler deux pour mieux les rapprocher, sans que pour autant ils se soumettent.
La fin sur le blog :
http://sansconnivence.blogspot.com/2012/01/sport-de-filles-de-patricia-mazuy.html