Profanations de spiritualité infantile !!!

Tom McCarthy choisit de tout mettre en retrait, mise en scène, musique, interprétations, dans le but d’éviter toute théâtralisation qui desservirait son sujet. C’est en effet plus une sorte de pudeur qui semble régir Spotlight qu’un manque d’ambition. Sans véritables moments de suspense, McCarthy balance son spectateur entre salles d’archives, coups de téléphones et meetings avec pour seules armes une troupe d’acteurs volontaires et la ferme conviction que l’histoire est si puissante qu’elle tiendra son spectateur en haleine. Pas d’intrusion dans la vie intime des protagonistes, pas d’émotions exacerbées, mais une pudeur à tous les niveaux, des victimes dépeintes comme des survivants aux journalistes immergés comme des soldats dans une mission rationalisée avec justesse par le seul et unique fait qu’ils font leur travail...


Spotlight met en lumière ce qu’il définit d’« abus spirituel », un abus qui vient mettre sous silence les viols, désarmant des victimes plongées dans la honte et la peur de l’institution religieuse, les poussant le plus souvent au suicide. Non, Boston n’est pas une ville comme les autres. Que ce soit des agissements néfastes de l’Église où de la mafia locale, tout le monde est au courant est personne ne fait rien. Comme le dit avec une douloureuse justesse le personnage de Stanley Tucci : « Il faut une ville pour élever un enfant. Il en faut une pour abuser de lui. »...


Spotlight évite tout sensationnalisme malvenu pour privilégier une précision clinique effaçant toute individualité extérieure au réalisme recherché. Si l’approche pourra déplaire, le film ne renouvelant en rien le genre et laissant peu de marge de manœuvre à ses acteurs et son réalisateur, il est indéniable que ces choix renforcent la puissance du constat sévère que porte en étendard le film de Tom McCarthy : la pédophilie chez les prêtres est un « phénomène psychiatrique » qui pourrait concerner jusqu’à 6 % des prêtres à travers le monde. Au final, Spotlight remporte l’adhésion par la puissance de son sujet et la profession de foi indéniable de tous ses participants !!!

Yoann_Carré
9
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le 24 juil. 2016

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Yoann_Carré

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