S'il perpétue la tradition du cinéma d'enquêtes, Spotlight n'est pas que ça. Le sujet qu'il aborde est aussi dramatique que tentaculaire et l'immersion totale du spectateur dans le récit est constitutive de la puissance du film.
Le scénario est une mécanique d'horlogerie qui réussit à rendre compréhensible une histoire complexe sans l'altérer. Pédagogique sans prendre le spectateur pour un imbécile, le film aborde (et explique) toutes les questions relatives à la pédophilie de certains prêtres catholiques, du profil psychologique des prédateurs aux questions de droit en passant par le pouvoir de l'église de Boston et la problématique centrale du culte du secret.
Très dialogué, habilement structuré, se concentrant exclusivement sur le travail des journalistes, les détails de l'enquête, la force de l'équipe, l'investissement personnel de chacun, Spotlight nous tient sans nous lâcher de la première à la dernière image. Si l'on est face à un cinéma très classique, on ne peut que louer ses qualités. Pas seulement efficace et remplissant son contrat, le film de Tom McCarthy dépasse le simple exercice de style et, refusant pathos et grandiloquence, nous place aux côtés des journalistes dans un passionnant travail d'investigation. Les témoignages et les chiffres viennent alors mettre en perspective ce que l'on devinait (que l'on savait ou qu'on ignorait) de l'ignominie, des mensonges, du silence.
Le travail cinématographique est forcément sobre, tout comme la partition d'Howard Shore. Les comédiens eux-mêmes ne sont pas là pour faire leur numéro et tous, de Michael Keaton à Mark Ruffalo en passant par les excellents Liev Schreiber, Stanley Tucci et la toujours brillante Rachel McAdams, font corps avec leur personnage dans un casting qui nourrit l'esprit de troupe.
C'est du cinéma à l'ancienne, mais c'est parfaitement réussi.