Spotlight est de ce genre de film qui s'exempt de réelle originalité pour se prêter à un sous-genre en soi (le film de journalisme) dont on connait tous les codes. Ainsi sous des allures de mise en scène assez classique, Spotlight cache bien son jeu et fait preuve d'une extrême justesse. Efficace est la caméra de Tom McCarthy, puissante est la musique de d'Howard Shore.
Parfaits sont les comédiens. Tous interprètent avec talent ces rôles de journalistes prêts à sacrifier leur vie de famille, à ne tourner qu'au café et à la pizza froide au dessus de l'ordinateur pour soulever une affaire et en tirer un papier. De la plus simple apparition (les nombreux témoins et victimes croisés durant tout le film) au rôles principaux (Mark Ruffalo trouve ici tout simplement son meilleur rôle), on est halluciné par l'implication réelle des comédiens, par leur foi en ce film et en leur personnage.
D'un point de vue qu'une première lecture pourrait trouver facile, faussement paranoïaque (L'Eglise, tous pourris, nos enfants sont en danger...!) se détache pourtant une vraie finesse d'analyse du sujet. On est pas là face à une attaque de plein fouet, une diatribe contre la/les religion(s) mais bien face à un sévère et juste pamphlet contre l'institution qu'est l'Eglise et ceux qui la composent, en qui l'on a plus trop confiance à la fin, une fois déroulés les noms des milliers de villes du monde entier où des cas de pédophilie ont été relevés. Le film est une enquête précise, un récit haletant, très mathématique dans son approche, très consciencieux, très historique, très journalistique, des faits. Sans être non plus éloge du journalisme (le film se conclut sur une dernière scène, habile, exempte de tout contenu politisé ou polémique), le film, comme le ferait un très bon papier, vise la pure objectivité et justice face à ces actes immondes, tout en parvenant à créer à chacun des personnages une vraie et instantanée profondeur, subjectivité.
Spotlight est surement le meilleur film de 2016.