Présenté comme la descente aux enfers soft-porn de quatre college-girls délurées, Spring Breakers est une fantastique ode à la décadence pop de l'Amérique. Reprenant les tropes de la culture américaine des 15 dernières années, entre les reportages hallucinants et sur-saturés de MTV pendant le Spring Break, les princesses teen, de Britney Spears aux starlettes Disney plus récentes (pied de nez presque trop évident), au dubstep et à la culture ghetto-bling, Harmony Korine nous enivre d'images comme une lycéenne descendrait un litre de vodka redbull. Le programme affiché est celui du glauque, du malsain et de l'extrême violence, il en ressort tout autre chose, on sait ce qu'on va voir quand c'est estampillé Korine, le plaisir coupable de voir Selena Gomez et Ashley Benson se déniaiser en plus.

Pourtant, alors que les mômes récitent en voix off un laïus lénifiant censé rassurer leurs familles ("tout le monde est adorable, le spring break est avant tout une quête spirituelle, j'ai trouvé la paix intérieure, je t'aime, maman, yadayadayada") faisant rire dans la salle, tant il est en décalage avec les images de débauche cheap sur fond de fast-food, de bikinis fluos et de cocaïne, la répétition lancinante de ces tirades en vient à convaincre. Ces gamines ont *bel et bien* accompli une quête spirituelle, repoussé leurs limites via des rites initiatiques plus ou moins poussés, et ont donné tout ce qu'elle pouvaient pour être prêtes à retourner dans leur vraie vie. C'est juste que ça impliquait moins de méditation et plus de flingues. Le Spring Break apparaît comme un formidable exutoire pour ces mômes qui ont juste besoin de donner cours à un besoin d'être salopes et violentes sans être jugées, l'une des clés de ce rite initiatique étant que, dans ce cas précis, les 4 gamines restent toujours en contrôle et maîtresses de leur destin, jamais victimes. Je vois difficilement comment on peut faire moins coming-of-age et comment on a pu dire que ce n'était pas un teen movie, c'est certainement un des meilleurs produits récemment.

Le dubstep ne fait pas illusion bien longtemps : ce film est foutrement contemplatif et propose une vision hallucinée du crépuscule de l'adolescence américaine.
VirginiA
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le 7 mars 2013

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VirginiA

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