Yo, regarde tout mon matos !!! (PS : lisez ma critique de Friends !)

Impossible de décrire toute l'attente que suscitait ce film, qui était déjà annoncé comme le nouveau Projet X, porte drapeau de la génération high-tech du 21ème siècle. Il est vrai que tout y portait : le Spring Break, quatre jolies jeunes filles en bikini dont trois tout droit sorties de l'égérie Disney (Selena Gomez, Vanessa Hudgens et Ashley Benson, la quatrième étant la femme du réalisateur Rachel Korine), puis la fête à volonté ou beigne l'alcool, la drogue et le gros son rap gangsta.

Pourtant, les fans de American Pie et Projet X, suivit des groupies de James Franco et adolescents dont l'activité sexuelle ne s'est jamais développée, seront très déçus. Pour les cinéphiles et fans de Harmony Korine, ça risque d'être autre chose. Car malgré les apparences, "Spring Breakers" est un film intellectuel, voir très complexe.

Derrière cet objet abrutissant à l'esthétique virtuose ce cache une sorte de poème repoussant et émouvant, dégoûtant et magnifique, nauséabond et jouissif, une overdose d'alcool, de drogue, d'armes et un mélange d'images sordides qui forment toutes assemblées un comte sombre et pessimiste exprimant la face caché du rêve américain. Ce tout donne une âme poétique et misérable à notre époque, notre génération, car le plus grand miracle de Korine est de nous montrer un monde si loin mais familier, un cocktail imbuvable où avec une grande subtilité s' ajoute un zeste de réalité glaçante, cruelle, alarmante, avec une impressionnante Harmony.

Nul ne sait filmer mieux que lui la jeunesse d'aujourd'hui, parce qu'il éprouve le plus grand intérêt à ces personnages qui ont soif de liberté mais se nourrissent de cette société de consommation où l'argent règne en maître. La mise en scène tonitruante et agaçante dépeint un univers pop culture des années 2000, avec ses couleurs fluo, ses lumières flashy, une BO qui fait mal aux oreilles et un montage trip hallucinogène.

Les quatre actrices sont épatantes, dirigées par un James Franco méconnaissable et ahurissant en papa gangsta de l'American Dream. Spring Breakers est un reflet de notre jeunesse dans cette industrie mondiale, qui de manière très intelligente montre au spectateur ses propres limites, sans jamais le dénoncer, et sans qu'il s'en rende compte.

Vulgaire et fascinant, ce conte noir est un véritable coup de maître et un gros doigt d'honneur à notre société. Sans aucun doute le meilleur film de ce début d'année, mais aussi le plus détesté. Etrange paradoxe. Fatale Réalité.
Antoine_Nichols
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le 19 sept. 2013

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